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Quand les infiltrés partent à la recherche de la vérité

avec l’aimable autorisation de l’auteur de Jean Stan

C’était, sur France 2, la première émission du nouveau
magazine présenté par David Pujadas et réalisé par l’agence Capa «Les
Infiltrés». Que voit-on ? Une journaliste déguisée en stagiaire aide soignante
pénètre dans une maison de retraite. Elle filme sa collègue de travail qui fait
la toilette d’une vieille dame.


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On distingue des chairs flasques sans visages, des images
de très mauvaise qualité, à la limite du noir et blanc. La bande son dont on ne
peut identifier l’émetteur puisque 50% de l’image est floutée, se veut
édifiante, donner du sens à cette bouillie d’images: «Elle dit qu’elle veut
faire caca – c’est du cinéma …si tu l’écoute , tu n’auras jamais fini. Il
faut la laver en moins de 12 minutes»
. Pendant toute la durée de ce
magazine , notre aide soignante-journaliste recueille ainsi les plaintes du
personnel sur le manque de moyens, l’ absence d’hygiène, les erreurs médicales
et auprès des résidents des témoignages sur la souffrance, la solitude, la
maltraitance.

La caméra cachée traque les injures et les confidences au
moment de la pause cigarette : «Quand la DASS vient nous contrôler, on est
prévenu quelques jours avant . Alors, on fait le ménage.»
Au bout de ce
reportage, on sortait donc renforcé dans la mauvaise opinion que nous avons
tous de ces établissements où nous abandonnons nos anciens et où «les vieux
sont traités pires que des chiens».

Retour plateau. Pujadas nous présente ses invités. Mme la
secrétaire d’Etat à la solidarité annonce immédiatement sa volonté de porter
plainte contre les responsables de cette maison de retraite. David Pujadas
précise qu’il ne peut livrer le nom de cette maison de retraite au nom de la déontologie
du métier de journaliste. Le lendemain, dans son propre journal, le
présentateur nous montrera les images de cette même maison visitée par les
inspecteurs de la DASS.

La tartufferie est trop visible puisque les bâtiments ne
sont pas floutés et donc reconnaissables. On peut s’attendre à quelques
licenciements de lampistes, les collègues de l’infiltrée pendant quelques
jours. Beau résultat du journalisme justicier de surface qui est pris à son
propre piège : dénoncer sans nommer les vraies responsabilités.

Retour au plateau, un directeur – représentant une
association de gestionnaires de maison de retraite – nous fait trembler
d’effroi pour la vie de nos vieillards en affirmant qu’il faudrait porter
plainte contre 50 % des établissements, tant le manque de moyens est criant.

Pour arriver à une telle prise de conscience, pour
révéler la vraie réalité derrière la langue de bois, les moyens utilisés la
caméra cachée se justifient-ils? On peut être tenté de dire oui – comme Daniel
Schnedeirmann dans Libération mais alors – dit-il «il en faut
partout»..
. jusque dans les coulisses de la rédaction de France 2, au
conseil des ministres et dans les cuisines de l’Elysée. Un rêve de transparence
qui vire au cauchemar de la démocratie.

 Faut-il condamner, au nom de la morale
journalistique ces «méthodes de gangster», comme le fait Jean-Michel
Apathie: «Avancer masqué, dissimuler sa fonction professionnelle, cacher le
vrai but de son travail s’apparente à du viol, à un vol»?

En fait, la charte des journalistes recommande «de ne
pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations»
mais
n’interdit pas explicitement une usurpation d’identité.

La morale du métier étant très souple, les responsables
de l’agence CAPA ont beau jeu de se défendre en invoquant l’ éxemple d’ Albert
Londres qui s’infiltrait dans les hôpitaux pour dénoncer le traitement des
fous.

Ils oublient seulement qu’Albert Londres comme Gunther Wallraff dans Tête de turc maniaient le
stylo et pas la caméra. Pas moyen pour le téléspectateur, à la différence du
lecteur d’une enquête écrite, de se faire sa propre opinion dans ce magma
d’images floutées. Il est mis dans la situation d’un voyeur devant la caméra de
surveillance d’une banque, à qui on ne montrerait que des voleurs. Ils oublient
également qu’à quelques kilomètres de Paris, ils ne sont ni à Bagdad ni chez
les talibans mais dans une société où le droit d’information existe.
̈

Pour parvenir à un contrôle social plus efficace et pour
remplacer les processus de régulations démocratiques, la solution serait sans
doute d’installer des centaines de caméras dans les foyers logements, reliés au
surveillant chef David Pujadas, ce que suggère assez bien le décor du plateau
où il opérait : un mur d’écrans qui rappelle une tour de contrôle de caméras
surveillance en centre ville.

«Les infiltrés» nous servent le mythe d’une transparence
possible en temps réel grâce à la technique de la vidéo miniature planquée dans
des lunettes. Il n’est donc pas question de morale dans cette affaire mais de course
au réel, plus «vrai» que le réel.

Il est d’ailleurs paradoxal que les auteurs de cette
collection de magazine défendent un principe qui va à l’encontre des méthodes
classiques qu’eux même utilisent par ailleurs sauf à faire croire qu’ils
mentent quand ils ne sont pas infiltrés ou qu’ils manquent à ce point de
professionnalisme à visage découvert pour ne pas savoir dénoncer le drame des
maisons de retraite.

Pour les journalistes de télévision et les
documentaristes, qui déclinent leur identité, qui posent des questions à visage
découvert, qui négocient l’entrée de leur caméra ou savent en exploiter le
refus, qui n’ont pas honte de montrer le résultat de leur enquête à leurs
interlocuteurs, les infiltrés représentent la pire des dérives. Celle qui fait
croire à la vérité d’une caméra cachée et à la transparence du réel.

C’est Raymond Depardon, très tard sur le plateau de
France 3 le même soir qui faisait le mieux comprendre la différence de son
travail avec celui des infiltrés de Pujadas. Il expliquait tranquillement le
temps qu’il avait pris à filmer et à écouter des paysans assis derrière une
table en toile cirée. Il nous parlait d’une relation humaine en présence d’une
caméra, de la beauté des visages et de la force des mots et des silences: «Ces
gens-là,
disait il, si on les écoute bien, ont des vérités à nous dire.»

Dans un sens, le cinéaste s’était bien infiltré chez les
paysans mais c’était pour nous faire découvrir des images – des vraies !

PS : Pour France 2 qui affiche partout vouloir «faire
la différence»
du service public, le score d’audience est un succès : plus
de deux millions de spectateurs. Il faut remarquer que , malgré la polémique
qui a précédé le lancement de l’émission, c’est moins bien que d’autres
magazines, comme celui d’Elise Lucet sur la trois qui n’emploient pas ces
méthodes.

source et lien