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Discours à
l’occasion de la Conférence internationale sur la maladie d’Alzheimer

DISCOURS DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Porte de Versailles (Paris) — Mercredi 20 juillet
2011

Seul le prononcé fait foi


Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux que la France accueille pour la
première fois la Conférence internationale sur la maladie d’Alzheimer. Vous le
savez, j’ai fait de la lutte contre la maladie d’Alzheimer une priorité de mon
action depuis 2007. La présence en France des meilleurs spécialistes mondiaux
de cette maladie est un honneur pour notre pays, une reconnaissance pour nos
chercheurs et un encouragement pour le Gouvernement français à poursuivre son
engagement en ce domaine.

Vos travaux et vos échanges illustrent l’immense
effort de recherche que la communauté internationale a lancé pour vaincre la
maladie d’Alzheimer. Vous incarnez l’excellence de la science mondiale, vous
incarnez l’espoir pour les millions de patients qui souffrent et pour leurs
proches qui les accompagnent dans cette épreuve.

La maladie d’Alzheimer est un mal terrible, qui
attaque l’identité même du sujet : sa mémoire et son rapport au temps, sa
capacité à réfléchir, sa capacité à interagir avec sa famille et ses amis, et même
sa capacité à se repérer dans l’espace. La souffrance du malade est aussi celle
de son entourage, qui doit progressivement prendre le relai de tout ce que le
patient ne peut plus faire seul.

Quelle solidarité savons-nous mettre en place pour
entourer les malades d’Alzheimer ? Quel soutien apportons-nous aux familles ?
Quelle place les familles et la société font-elles à leurs aînés ? Toutes ces
interrogations dépassent la question de la prise en charge ou du traitement.
Toutes ces interrogations, nous devons les garder à l’esprit quand nous
abordons la maladie d’Alzheimer ou le grand âge, que nous soyons responsables
politiques, médecins ou chercheurs.

Ces interrogations ont une résonnance quotidienne pour
nos concitoyens, ceux qui souffrent de la maladie, ceux qui accompagnent un
proche et sont présents à ses côtés, ceux qui leur apportent soin et
assistance.

Derrière la recherche sur la maladie d’Alzheimer,
derrière les infrastructures d’accueil, derrière les financements, c’est
l’humanité de notre société qui est en jeu, par la place qu’elle fait aux plus
vulnérables, et sa capacité à protéger ceux qui ne peuvent plus prendre soin
d’eux-mêmes.
Le visage d’un parent, d’un proche qui est atteint par cette maladie, c’est
celui de millions de malades à travers le monde. Il incarne une maladie qui est
l’un des principaux défis pour la médecine du 21ème siècle.

Car avec l’augmentation de l’espérance de vie dans le
monde et le vieillissement des populations, la maladie se développe
inexorablement. Certes les personnes âgées ne sont pas les seules touchées,
mais le risque de développer la maladie double tous les 5 ans après 65 ans, et
parmi les plus de 85 ans, une personne sur 5 est touchée.

Pour autant, nous devons battre en brèche les idées
reçues : cette maladie ne concerne pas seulement les pays riches et
vieillissants.

Aujourd’hui plus de 35 millions de personnes dans le
monde sont atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les deux tiers vivent dans des
pays pauvres ou en développement. En 2030, le monde comptera 65 millions de
malades, soit l’équivalent de la population de la France. 1% de la richesse
mondiale est déjà consacré aux soins et à la prise en charge de la maladie
d’Alzheimer et des maladies apparentées.

La lutte contre la maladie d’Alzheimer est une
priorité sanitaire et éthique. C’est aussi un défi social et économique majeur
pour tous les pays du monde.

En France, 850 000 personnes sont déjà touchées par la
maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées. Dès 2007, j’ai souhaité que
nous établissions un diagnostic complet des besoins pour la prise en charge des
patients et le soutien de leur entourage.

A la suite de cette étude, nous avons lancé le plan
Alzheimer pour la période 2008-2012 qui couvre les trois volets de la maladie :
le soin, l’accompagnement et la recherche. Nous voulons doter la France d’un
système complet, sur l’ensemble de son territoire, pour qu’aucun malade
d’Alzheimer ne soit ignoré, pour qu’aucune famille ne soit laissée sans
assistance, et pour qu’aucune piste de recherche ne soit négligée.

Pour chacun de ces trois domaines, nous avons établi
des objectifs clairs, identifié des financements et des pilotes.

Deux fois par an, je réunis personnellement tous les
acteurs du plan pour suivre son déroulement. Chaque Français, et chacun d’entre
vous, peut suivre l’avancée du plan en consultant le retour d’expérience
disponible sur internet.

Nous avons dégagé un budget considérable : 1,6
milliard d’euros dont 200 millions sont dévolus à la recherche.

J’ai parlé d’objectifs concrets : pour les patients,
nous avons renforcé le réseau des consultations accessibles sur l’ensemble du
territoire. Nous avons également créé les MAIA, Maisons pour l’autonomie et
l’intégration des malades d’Alzheimer, qui permettent d’orienter les malades et
de leur offrir la solution la plus adaptée à leur situation. Chaque région
dispose déjà d’une ou de plusieurs MAIA, il y en aura plus d’une centaine d’ici
la fin 2012.

Parallèlement, nous avons développé les
infrastructures d’accueil et de soin, en envisageant toutes les solutions, pour
que chaque patient puisse, dans la mesure du possible, choisir entre
l’hospitalisation, l’accueil en institution, et le maintien à domicile. Pour
répondre à ces différentes attentes, nous avons lancé un immense effort de
formation du personnel médical et paramédical. Aujourd’hui, notre pays recense
déjà 145 pôles d’activités et de soins en établissements, 42 unités
hospitalières spécialisées dans les troubles du comportement et 111 équipes
spécialisées dans le maintien à domicile.

Nous avons mis en place une mission de pilotage au
niveau national, menée par Mme Florence LUSTMAN, dont je veux saluer la
détermination et la rigueur. Et nous avons aussi créé la Fondation Plan
Alzheimer, une structure légère et réactive pour coordonner la coopération
scientifique et réunir tous les acteurs. Je tiens à saluer Joël MENARD,
Philippe LAGAYETTE et Philippe AMOUYEL qui, à sa tête, font un travail
absolument remarquable.
La Fondation permet notamment de favoriser les interactions entre la recherche
publique et la recherche privée, qui sont tellement nécessaires pour explorer
de nouvelles pistes et développer de nouveaux traitements.

Ce plan Alzheimer, c’est en effet un soutien à la
recherche sans précédent. Depuis 2008, plus de 600 médecins ont été formés à la
recherche clinique sur la maladie d’Alzheimer. Dans les laboratoires de
recherche, une centaine d’étudiants ont reçu une bourse pour y consacrer leur
thèse, et près de 40 post-doctorants ont reçu des financements pour leur recherche.
Dans les hôpitaux, 50 postes de chefs de cliniques et d’assistant
hospitalo-universitaire seront créés d’ici 2012, et des bourses d’installation
ont été mises en place afin d’attirer vers la France encore plus de compétences
et plus d’équipes.

Nous avons choisi de mobiliser les chercheurs dans
tous les domaines, en recherche fondamentale, en recherche clinique, dans le
champ des sciences sociales, parce que nous devons progresser à la fois dans la
compréhension de la maladie, dans sa prise en charge, dans sa détection et
aussi dans l’amélioration de la qualité de vie des patients.

Aujourd’hui, le plan Alzheimer finance plus de 100
projets de recherche. Sur les 200 millions d’euros prévus pour 5 ans, 70 ont
d’ores et déjà été attribués.
Grâce à son action rapide et efficace, le Plan Alzheimer a permis d’accélérer
les recherches, et les premières études ont déjà été publiées. Nos
connaissances ont progressé de façon remarquable : de nouveaux facteurs de
prédisposition à la maladie d’Alzheimer ont ainsi été mis en évidence. Certes,
on connaît encore mal les causes de l’apparition et de l’accumulation des
plaques responsables de la maladie, mais les protéines impliquées dans ces
mécanismes font l’objet de nombreux projets de recherche, qui ne tarderont pas,
espérons-le, à porter leurs fruits.

Je sais qu’une session de votre congrès a été
consacrée aux études génomiques utilisant des outils de haute technologie. En
ce domaine aussi, le Plan français a joué un rôle clé : la France a piloté un
programme européen qui a permis de comparer l’ADN de milliers de malades à
celui de sujets témoins. On a ainsi pu repérer de nouvelles mutations
génétiques qui prédisposent à l’apparition de la maladie. Au-delà de la mesure
du risque, cette découverte ouvre de nouvelles pistes de recherche, et,
potentiellement, de nouvelles voies thérapeutiques.

Nous avons également renforcé les infrastructures à la
disposition des chercheurs. 27 Centres Mémoire de Ressources et de Recherche
proposent une recherche clinique de haut niveau.

Ils vont notamment permettre de réunir les 2 500
patients de la cohorte « Memento » qui fournira aux chercheurs les informations
nécessaires à l’étude de l’histoire naturelle de la maladie à un stade très
précoce.

Tous ces progrès nés du Plan Alzheimer viennent
s’ajouter à l’immense effort que notre pays a déployé en faveur de
l’enseignement supérieur et de la recherche depuis 2007. Nous avons donné à nos
universités l’autonomie et les moyens de se développer dans un environnement
international. Elles peuvent désormais nouer des partenariats, attirer les
meilleurs chercheurs et les meilleurs enseignants. Depuis 2007,
l’investissement de l’État dans l’enseignement supérieur et la recherche
augmente d’un milliard d’euros chaque année.

Ces réformes sont soutenues par les crédits des
Investissements d’avenir, qui permettent à notre pays de préparer dès à présent
l’après-crise, en encourageant l’emploi, la compétitivité, et la recherche de
demain. Dans le cadre de ce programme d’investissement, 20 milliards d’euros
sont ainsi destinés à l’enseignement supérieur et à la recherche, dont 2,5
milliards seront consacrés au domaine de la Santé et des Biotechnologies. J’ai
tenu à ce que les projets soient sélectionnés selon des critères d’excellence
et par des jurys regroupant les meilleurs spécialistes au monde.

De nombreux projets retenus par le jury concernent les
neurosciences, et les affections neurologiques. Je pense ainsi à l’Institut
hospitalo-universitaire des neurosciences de Paris qui réunit l’INSERM, le CHU
Pitié-Salpêtrière et l’Université Pierre et Marie Curie. Il sera doté de 55
millions d’euros. Plusieurs laboratoires s’intéressant à la neurologie ont
également reçu le label « Laboratoire d’excellence », notamment les projets
NUMEV à Montpellier et BRAIN à Bordeaux.

Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, la recherche sur
la maladie d’Alzheimer trouve en France un milieu particulièrement favorable,
puisque notre pays s’est doté des outils permettant aux investisseurs de
trouver un environnement fiscal attractif et aux chercheurs de donner le
meilleur d’eux-mêmes.

Vous qui représentez ici les plus grandes équipes de
recherche du monde, vous savez bien que rien de grand ne se fait de façon
solitaire, – c’est vrai des sciences comme de toute entreprise humaine. La
dimension internationale est cruciale pour servir la science et la médecine à
l’heure des technologies de pointe et des défis sanitaires mondiaux.

Je me réjouis que le programme international sur la
génomique de la maladie d’Alzheimer, le programme IGAP se soit réuni à
l’occasion de l’ICAD à Paris.

Cette collaboration unique au monde réunit les quatre
plus grands consortiums européens et nord-américains pour étudier les
prédispositions génétiques à la maladie d’Alzheimer que j’évoquais tout à
l’heure. Si depuis 2 ans, plus de 10 nouveaux gènes ont pu être identifiés,
c’est parce que ces collaborations internationales se sont multipliées. Vos
séances de travail lors de ce congrès en ont encore porté témoignage

Cette ouverture aux collaborations internationales, la
France l’a défendue pendant sa Présidence de l’Union européenne, en 2008.
Désormais ce sont 23 pays européens qui unissent leurs forces dans des
programmes communs de recherche, notamment de lutte contre la maladie d’Alzheimer,
en réservant dans leur budget des fonds qui y sont destinés.

Nous devons faire se rencontrer les intelligences et
les talents scientifiques, et mettre à leur disposition les outils les plus
performants. Car la cause qui nous réunit aujourd’hui, alléger la souffrance
des malades et de leurs familles, est trop importante pour que perdurent les
particularismes nationaux, les conflits d’égo et les lenteurs administratives.

A voir votre dynamisme et votre créativité, je sais
que la recherche internationale est entrée dans une nouvelle phase.

Je veux vous assurer que la détermination des pouvoirs
publics et celle des dirigeants politiques est totale. Comme vous, ils veulent
abandonner les vieux schémas du repli national et les intérêts partisans, pour privilégier
la protection de chacun et l’intérêt de tous. Vous pouvez compter sur la France
pour y contribuer.

Je vous remercie.