Hommage à Geneviève LAROQUE

Je profite de l’hommage rendu par Bernard Duportet, d’HABEO, pour
exprimer ma tristesse causée par le décès de Geneviève Laroque, une
femme-debout jusqu’au bout, qui me manque, qui manque à la gérontologie,
qui manque à notre humanité…
Soyons dignes de son enseignement
humaniste…

Jean-Michel CAUDRON

 

Madame Geneviève Laroque s’est éteinte ce jour du 19 septembre 2012 par une belle journée pleine de cette lumière qu’elle aimait tant. Elle s’est éteinte calme, apaisée, dans une unité de soins palliatifs à la création de laquelle elle s’était associée en d’autres temps. Elle s’est éteinte en s’attachant à formuler jusqu’à son dernier souffle les recommandations qu’elle voulait adresser aux responsables de l’action publique pour la prise en compte des personnes en situation de fragilité.

Geneviève Annette LAROQUE est née le 15 avril 1930 à Paris dans le 9ème arrondissement.

Après un baccalauréat philo-lettres, un Certificat Physique-chimie-biologie, en 1948 à Paris, une licence en droit en 1956, toujours à Paris, elle débute une carrière administrative qui l’a conduite :

• Au ministère des Armées AIR, de 1953 à1956


• Au ministère des Transports, Aviation civile, de 1956 à 1963.

Elle entre alors à l’Ecole Nationale d’Administration – Promotion Stendhal – en 1963 dont elle sort en 1965 où elle côtoie, entre autres, Lionel Jospin, Jean-Pierre Chevènement, Jacques Toubon, Ernest-Antoine Sellière et Yves Cannac.


Elle s’engage dès sa sortie de l’ENA dans une immense carrière, toute entière tournée vers le service public, avec comme seule, unique, obsessionnelle, motivation de mettre les fonctions, les hommes et les structures quelles qu’en soit la nature au service des personnes les plus fragiles quels qu’en soit l’âge et le statut social.

Administrateur Civil au ministère de l’éducation Nationale de 1965 à 1974,

Chef du bureau de la Promotion Sociale de l’Enseignement technique de 1965 à 1968,

Secrétaire général de la Faculté de droit et des sciences éco. Nanterre en 1968 et 1969 ;

Secrétaire général au rectorat de l’académie de Paris de 1969 à 1972,

puis Chargée de mission à la Direction de l’Education permanents jusqu’en 1973.

Elle s’y consacre en particulier à la Promotion Sociale, pour la formation des adultes, ceux qui n’ont pas pu, su, voulu, profiter du système éducatif dans leur enfance et leur adolescence.

C’est alors qu’elle est appelée au poste d’Administrateur Civil à l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (Direction des Finances) en 1973, puis dès 1975, Sous-Directeur, Directeur délégué pour les établissements de moyens et longs séjours à l’A P – H P, poste qu’elle occupera jusqu’en 1983. 1975/83.

Avec la même continuité, elle prend à bras le corps le dossier des « Etablissements de Longs et Moyens Séjours », en d’autres termes « hospices et désencombrement » où elle s’est autoproclamée « Impératrice des Poubelles » désignant par là les établissements très vétustes, avec des médecins rares et souvent dormeurs, des personnels aux Bat’ d’Af’, et des directeurs – pas toujours les meilleurs – mais aussi quelques pionniers vaillants-z-et-hardis qui ont permis des transformations bouleversantes et avec lesquels elle a conservé des liens amicaux, affectueux souvent, très puissants.

En 1987, elle est promue au Ministère de la Santé, Sous Directeur, puis Chef de Service Direction générale de la Santé) où elle s’attache à tous les problèmes majeurs que sont la psychiatrie, les chroniques, le handicap, la fin de la vie.


> Nommée Inspectrice générale des affaires sociales en 1987, elle exerce cette fonction jusqu’en 1996, date à laquelle elle est nommée IGAS honoraire.

Geneviève Laroque a consacré une part considérable de son activité au secteur associatif.


Présidente de l’UNAFAM (union nationale des amis et familles de malades mentaux) en 1994/96.

Fondation nationale de Gérontologie dont elle assure la présidence depuis 1991.


Présidente de la Commission de Surveillance de l’hôpital ALBERT CHENEVIER (AP-HP), membre de la Commission de surveillance de l’hôpital BROCA (AP-HP) et de l’hôpital CHARLES FOIX (AP-HP)

Sociétaire ou administrateur d’associations ou fondations sociales ou médico-sociales (COS, FASER, SGGIF, IDAR etc…), de la commission de surveillance de la CNAV.

Présidente en 1985 du groupe de travail sur « l’aide aux mourants » qui a abouti à la circulaire sur les Soins Palliatifs ; en 1995 du groupe de travail sur « le vieillissement des personnes handicapées ».

Ses mérites ont été reconnus par plusieurs distinctions :

Chevalier dans l’ordre de la légion d’honneur 1978

Officier dans l’ordre de la Légion d’honneur 1995

Chevalier de l’ordre des palmes académiques 1972


Médaille de l’enseignement technique vermeil 1985

Médaille pénitentiaire 1986

Elle a toujours dit que ses loisirs étaient représentés par la lecture, sa bibliothèque est immense, en plusieurs langues qu’elle maîtrise, la conception et la broderie de tableaux, des sorties amicales, auxquelles nous ajouterons surtout la relation amicale et affectueuse avec quelques privilégiés.


Je voudrais enfin insister sur la fonction de vice-présidente d’HABEO qu’elle avait acceptée avec enthousiasme, qu’elle a assurée avec constance et particulière énergie avec l’espoir que soit réalisé autour de notre association ce grand service de lutte contre la maltraitance et ce pour l’ensemble des personnes fragiles.

Les lignes qui précèdent ne rendent compte que très partiellement et très maladroitement de la richesse d’une vie toute entière tournée vers l’autre dans ce qu’il a de plus sensible, de plus vulnérable, de plus riche aussi.


Elle a toujours travaillé avec le plus grand respect de ses partenaires, de ses employés, de ses collègues et elle forcé leur admiration par son très remarquable esprit de synthèse.

Elle sera toujours pour beaucoup cette dame qui au terme d’une manifestation longue, dense, austère et souvent très technique, a su, toujours, en extraire l’essentiel et en tirer les questionnements politiques, sans oublier les très étonnantes colères qu’elle savait prendre lorsqu’elle constatait un manquement à l’éthique.

Une grande dame que nous pleurons et dont nous voulons être les continuateurs modestes mais déterminés.

Bernard Duportet,

Président de HABEO