Chers amis !
Vous êtes venus, vous êtes tous là. Là sur cette place de l’Opéra, à Paris, mais là, aussi, par la pensée ! Car si nous sommes aujourd’hui plus de 30 000 personnes, c’est sans compter tous ceux qui n’ont pas eu la possibilité de se joindre à nous, pour des raisons de santé ou d’impossibilité à se déplacer. Pour chacune et chacun d’entre vous, ce sont 5 ou 6 autres qui n’ont pas pu faire le déplacement. Nous aurions pu être en réalité 200000 !
La France impatiente, qui veut des réformes, et vite ? C’est encore nous !
La France qui pense qu’ensemble tout devient possible ? C’est nous aussi !
Nous sommes là parce que le pays des droits de l’homme doit être le pays des droits de tous les hommes et ne doit pas devenir le pays des droits de l’homme en bonne santé. Nous sommes là pour que nos droits soient respectés, pour demander des comptes et exiger le changement.
Nous sommes là, nous, ni pauvres, ni soumis, pour dénoncer les conditions de vie indignes dans lesquelles nous vivons. Parce que pour nous, aujourd’hui, en France, le pouvoir d’achat, c’est le pouvoir de rien.
Parce que pour nous, le seuil de pauvreté commence au pas de notre porte. Parce que pour nous surtout, les caisses sont vides !
Nous sommes ici parce que les titulaires de pensions d’invalidité et de rentes accidents du travail sont encore oubliés !
Nous sommes là parce que si nous sommes parents d’un enfant handicapé nous avons peur pour son avenir !
Nous sommes ici parce que si l’on travaille en ESAT nous n’avons toujours pas le SMIC pourtant promis depuis des années !
Nous sommes là parce que si l’on vit en maison d’accueil spécialisée il nous reste 60 Euros par mois !
Nous sommes ici parce que si l’on vit en foyer de vie il nous reste 180 Euros par mois !
Nous sommes là parce que si l’on vit chez soi on ne nous promet même pas le euil de pauvreté et qu’il faut vivre avec moins de 21 Euros par jour !
Nous sommes ici parce que si l’on a la chance de vivre en couple, cette somme sera réduite ou supprimée en fonction des ressources de son conjoint !
Nous sommes là, nous, les oubliés, les exclus. Pour montrer notre détermination à un pouvoir qui ne nous voit pas. Pour parler avec force aux oreilles d’un pouvoir qui ne nous entend pas. Pour démontrer notre résolution à un pouvoir qui ne nous comprend pas. Pour aller vers un pouvoir qui ne souhaite pas venir à nous.
Nous sommes là pour défendre une autre vision de la société que celle que l’on nous impose. Une société qui ne dirait pas « vous ne pouvez pas travailler donc vous n’êtes rien ». Une société qui ne réduirait pas l’homme à sa capacité de travail. Une société qui réunirait plutôt qu’elle n’oppose. Une société dans laquelle chacun aurait sa place, chacun serait acteur et citoyen. Une société qui ne maintiendrait pas des centaines de milliers de personnes dans un assistanat aussi inefficace qu’humiliant.
Une société qui substituerait enfin la citoyenneté à la charité.
Nous sommes là enfin parce que les valeurs de solidarité ne sont pas solubles dans la valeur travail qui ne concerne que celles et ceux qui peuvent effectivement travailler !
Ce samedi 29 mars 2008 est une date historique. Historique par la nature même de votre mobilisation. Historique par la force de notre mouvement. Historique par la conviction et la détermination que vous exprimez.
Ce ras-le-bol, cette exaspération que nous portions depuis si longtemps, nous les avons transformés en énergie. L’énergie de poursuivre le combat et de rassembler encore autour de nous tant que nous ne serons pas entendus. L’énergie d’avancer, de promouvoir une société solidaire, juste et non-discriminante.
De l’énergie du désespoir, peut-être sommes-nous passés à l’énergie de l’espoir. Grâce à vous et avec vous, il y a eu un « avant 29 mars 2008 », et je vous le promets il y aura un « après » !
J’ai encore 2 petits mots à vous dire : Merci et Bravo
Jean-Marie Barbier
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