Personnes âgées. Le représentant des directeurs de maisons de retraite s’inquiète


Recueilli par ERIC FAVEREAU
QUOTIDIEN : lundi 12 mai 2008
 

Pascal
Champvert, président de l’AD-PA (Association des directeurs au service
des personnes âgées), une fédération qui regroupe 1 800 directeurs de
maisons de retraite et services à domicile, s’est peu à peu imposé
comme l’interlocuteur des pouvoirs publics. En ce lundi de Pentecôte,
journée de solidarité pour certains (cette journée est désormais à la
carte), il fait le point sur la mobilisation de la société sur la prise
en charge des personnes âgées. Et livre une version différente de celle
de Valérie Létard, secrétaire d’Etat chargée de la Solidarité qui
affirmait samedi sur France Info que l’intégralité du produit de cette
journée de solidarité allait bel et bien à qui de droit.

Vous allez travailler, vous, ce lundi de Pentecôte ?

Non. Pour moi, c’est un jour férié. Quant à la polémique sur ce jour
de solidarité, ce qui nous importe, c’est que l’intégralité des crédits
aille bien aux personnes âgées.

Et ce n’est pas le cas ?

Une partie du produit de la journée de solidarité sert à combler le
déficit de l’assurance maladie au lieu de bénéficier aux personnes
âgées.

Comment pouvez-vous dire cela ?

En 2007, la journée de solidarité, fixée alors au lundi de
Pentecôte, a rapporté 2,2 milliards d’euros : plus de 1,3 milliard
étant destiné aux personnes âgées et en particulier plus de
800 millions d’euros aux établissements d’accueil. Or, tous les crédits
n’ont pas été dépensés, en 2007 comme en 2006, et l’Etat refuse de
mettre ces sommes en réserve. 200 millions en 2006 et près de
400 millions en 2007 ont été ainsi intégrés dans l’Ondam (Objectif
national de dépenses de l’assurance maladie) pour 2008. Les chiffres
sont clairs : en 2006, le quart du budget personnes âgées a servi à
diminuer les budgets de l’assurance maladie et en 2007 cela risque
d’être la moitié des sommes que l’Etat va détourner pour combler le
déficit.

Mais il va y avoir l’apport des franchises
médicales . Le Président a déclaré qu’un tiers de la somme serait
alloué à la prise en charge de la maladie d’Alzheimer. Est-ce le cas ?

Je suis, là aussi, très inquiet. Au conseil d’administration de la CNSA (caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) du 1er avril,
on pensait que nous allions voir de nouveaux crédits abonder. Or, la
réponse que l’on nous a donnée a été de nous dire que les crédits des
franchises sont déjà dans le budget de la CNSA. Et que donc, le
budget 2008, voté cet automne, contenait déjà l’apport futur des
franchises. Il n’y a donc pas d’effet franchises, et aucune
augmentation supplémentaire.

Vous en déduisez quoi ?

Aujourd’hui, les franchises ne servent pas à financer un nouveau
plan, mais simplement à financer des plans décidés antérieurement. Le
plan Alzheimer n’est que le recyclage des crédits et des plans
antérieurs.

L’assurance maladie dit qu’il est encore trop tôt pour évaluer le montant rapporté par les franchises…

On ne nous a pas répondu cela. On nous a dit qu’il n’y aurait pas de
crédits supplémentaires. Donc, elles ne sont pas là pour apporter une
aide supplémentaire aux personnes âgées.

[…]