Le mot de Bernard DUPORTET, Président de l’AFBAH
Brusquement en quelques jours, après une assez longue période de calme relatif, la maltraitance est revenue au premier plan des préoccupations médiatiques.
La publication par les soins du MédiateurLa publication par les soins du MédiateurLa publication par les soins du Médiateur de la République de l’analyse des plaintes recueillies par le Pôle Santé, sécurité des soins (P3S), puis celle, par la Haute Autorité de Santé, de l’étude réalisée par Claire Compagnon et Véronique Ghadi sur « la maltraitance ordinaire dans les établissements de santé» ont suscité un nombre considérable de réactions tant dans le grand public que dans le monde professionnel.
Le
nombre des plaintes enregistrées par le P3S nous interpelle, puisque il
semble que près de 3000 des 4595 plaintes étaient en relation avec ce
que le Médiateur appelle la « maltraitance ordinaire ».
Elles
concernent : des attentes interminables des familles, une insuffisance
de l’écoute, un mépris social dans la délivrance d’une information,des
attitudes méprisantes, des paroles inappropriées voire humiliantes, des
contraintes et contentions diverses, des atteintes à l’intimité, une
non prise en compte de la douleur, etc.
Ce sont bien là des manifestations d’une maltraitance ordinaire que nous retrouvons dans les appels reçus au 3977.
Nous
aurons à vérifier, si cela est possible, dans quelle mesure un certain
nombre de ces plaintes ont fait l’objet en même temps d’un appel au
3977. Même si cela est le cas pour un certain nombre de dossiers, il
existe une disproportion évidente entre les chiffres du P3S et les
nôtres.
Nous devrons donc nous demander quelles sont les raisons qui conditionnent le recours à l’un ou l’autre des dispositifs.
Nous
aurons également à nous interroger sur le nombre des plaintes ainsi
signalée au P3S et sur celles, bien moindre enregistrées au niveau des
hôpitaux eux-mêmes.
Quoi
qu’il en soit, et sous réserve d’inventaire, ceci témoigne encore un
peu plus de l’importance de la maltraitance méconnue, niée, cachée, qui
peu à peu se révèle lorsqu’on la cherche et que les langues se délient.
L’étude
de Claire Compagnon et Véronique Ghadi, de nature très différente
apporte un éclairage particulièrement dur, sensible, dérangeant sur les
multiples aspects de cette maltraitance. Ce travail est très
complémentaire. Il ne vise pas à l’exhaustivité mais il aide à
percevoir l’étendue et la complexité de ces situations si souvent
méconnues par ceux qui en sont les auteurs ou les témoins. Il ouvre bon
nombre de portes explicatives et formule des propositions pour y
remédier.
Nous
y reviendrons da manière bien plus détaillée et nous veillerons à bien
montrer que tous les faits ainsi signalés et mis en évidence de la
manière la plus forte et la plus crue sont le plus souvent la
résultante de situations multidimensionnelles, d’analyse difficile, qui
exigent de nous rigueur dans l’analyse, prudence dans les jugements et
sont bien souvent matière à conseil, médiation, soutien, plus qu’à
répression.
Cette
maltraitance ordinaire, produit de la société est à son image et trouve
plus une réponse adaptée dans le développement d’une éthique
individuelle et collective plus que dans un arsenal répressif et/ou
réglementaire.
Bernard Duportet
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