Dépendance : "L’été meurtrier"

Quel été ! Mortel pour les personnes dépendantes !

Le rapport  de madame Rosso-Debord, députée ( rapport )  prévoit l’obligation d’une assurance privée « dépendance » pour les plus de 50 ans.

On peut ainsi lire dans le rapport : « La mission propose de rendre obligatoire dès cinquante ans la souscription d’une assurance des personnes contre la perte d’autonomie auprès de l’établissement labellisé de leur choix : mutuelle, société de prévoyance ou société d’assurance ».

Nicolas Sarkozy a promis en 2007 de
s’attaquer à la perte d’autonomie. Il a récemment précisé en promettant
un débat sur ce sujet à l’Assemblée nationale avant le fin de l’année.

Nous étions en droit d’imaginer la création d’une « 5ème
branche de protection sociale » basée sur notre conception républicaine
de cette dernière, sur la solidarité intergénérationnelle nationale.
C’était sans compter sur le pouvoir occulte du lobby des assurances, qui
ont « flairé » une opportunité intéressante pour elles.

Confier le financement de la « perte
d’autonomie » au secteur privé, revient à privatiser notre protection
sociale. Du champ de la maladie, de la vieillesse ou de l’accident,
chacun peut se retrouver en situation de perte d’autonomie très
rapidement. Privatiser ce domaine, revient à y entraîner tous les autres
très rapidement dans le secteur privé. Il n’est pas question d’en faire
une question « idéologique », mais de s’inquiéter du fait que seules
les personnes ayant les moyens pourront se préserver contre la perte
d’autonomie, et que la qualité de leur protection dépendra des finances
qu’ils peuvent y consacrer. Il y aura intérêt à naître « sous une bonne
étoile », de ne pas être malade ni avoir d’accident, et d’avoir une
famille capable de financer ses vieux jours.

Tout cela se fait avec le plus grand
mépris pour les textes de loi existant. Nous attendons toujours
l’application de l’article 13 de la loi du 11 février 2005, qui prévoit
la suppression de la barrière des âges afin que la compensation de la
perte d’autonomie soit identique avant ou après 60 ans. Au moment où a
lieu le débat sur les retraites et que l’âge pour accéder à celles-ci
fait débat, il est paradoxal qu’il n’en soit pas de même concernant la
compensation du handicap et la perte d’autonomie

Le  Cinquième risque serait-il « mort-né » ? Cela semble être le cas.

C’est Michèle Delaunay, députée PS de Gironde, qui déclare dans une interview à l’Expansion  : «La dépendance aurait dû s’inscrire dans la réforme des retraites ». (afficher). La députée précise : « J’aurais
aimé qu’il y ait un lien entre les deux réformes. Par exemple, les
Finlandais ont consenti à un recul de l’âge légal de départ à la
retraite en contrepartie d’un plan de prise en charge de la perte
d’autonomie »

Nous en sommes loin. La période
estivale est manifestement propice pour le gouvernement, décidé à
remettre en cause un certain nombre de principes auxquels les français
sont attachés.

Bien sûr qu’en cette période de crise
chacun doit faire des efforts : mais prévoir l’augmentation de la CSG
pour les retraités afin de financer la dépendance, comme l’envisage
aussi le rapport Rosso-Debord, n’est pas une mesure équitable ! C’est
une drôle de conception des rapports entre les générations.

 Le handicap va-t-il servir à conforter les finances des grands groupes d’assurance ?

 Pour mémoire , cet excellent article de Jean-Michel Caudron : « J’aurais 80 ans aujourd’hui… » (afficher)