L’ADMR vue par Le Républicain-Lorrain

Des associations dénoncent l’opacité de fonctionnement de l’Union Nationale

Auteur : Karine JONCQUEUR

Aide à domicile en milieu rural : la base se rebiffe

La
contestation gagne le plus grand réseau associatif des services à la
personne de France. Des fédérations entrent en dissidence et déballent,
en ligne, leurs interrogations, solidement charpentées.

Ces
articles sont signés par ma consoeur du Républicain-Lorrain,
Marie-Odile Nicolas, avec qui j’ai échangé sur le dossier de l’ADMR
pendant plusieurs mois. Ils sont parus dans l’édition de samedi, 12
novembre.

L’Aide
à domicile en milieu rural (ADMR) tangue. Le leader du secteur des
services à la personne (45 % de l’Allocation de perte d’autonomie (APA)
prestataire en France) est attaqué de l’intérieur.

DOSSIER

Une
dizaine de fédérations avancent masquées, sous le couvert du pseudonyme
« groupe Mirabelle ». En ligne, ces contestataires dénoncent l’opacité
du fonctionnement de l’Union nationale (UN) de l’ADMR, pointent ses
grandes difficultés financières et son autocratie.

Valse des millions

En
janvier 2010, Le Républicain Lorrain révèlait le système ADMR, fait
d’une collection de filiales privées, juteuses pour certaines, créées
avec de l’argent public et dominées par une holding, Les Domiciliennes. À
la tête de ces sociétés, des responsables, parfois administrateurs, de
l’UN. Pour les faire fonctionner, des salariés de la même Union
nationale. Ce dernier point n’avait pas échappé à l’Inspection générale
des affaires sociales (Igas). Lors du dernier contrôle en 2008, les
inspecteurs avaient demandé à l’Union nationale « davantage de
transparence sur le fonctionnement des filiales et de clarifier les
champs d’intervention des personnels de l’Union nationale dans ces
sociétés ».

Trois
ans plus tard, l’analyse du « groupe Mirabelle » est sévère. « Il est
bien difficile de s’y retrouver dans les comptes alambiqués de l’UN et
de ses filiales. Il y a de quoi se poser des questions ». Bref, pour
Mirabelle, les comptes 2010 de l’UN ne sont qu’une « information au
compte-gouttes dans un océan d’opacité et de dettes ». La maison-mère
afficherait au mieux un trou de 334 000 € avec plus de 683 000 € de
frais de réception et missions.

Marge arrière

Mais
les critiques ne s’arrêtent pas là. Ils s’en prennent au fonctionnement
de l’institution et fustigent les nouveaux statuts adoptés en 2008 «
sans véritables débats ». Ils y voient « des fédérations sans liberté
d’action, des fournisseurs imposés et des statuts adoptés au forceps ».
Du côté des fournisseurs imposés sans appel d’offre, les détracteurs
masqués visent NSI, la société maison qui crée et gère toute
l’informatique du réseau grâce en grande partie à des subventions
publiques, et qui creuse son déficit . « Outils inadaptés et inopérants.
Boîtes à lettres informatiques sous surveillance », détaillent-ils.

Ils
s’en prennent aussi à un dispositif de marge arrière de 5% signé avec
l’opérateur Orange au bénéfice de l’Union nationale. Cette charge
détaillée et chiffrée arrive alors que le plus vieux réseau associatif
de France dans le secteur traverse des heures difficiles. Depuis deux
ans, sa plus grosse fédération, celle du Finistère, est en dépôt de
bilan virtuel, avec un trou de 10 millions d’euros. A ce sujet, le
parquet de Brest a lancé une enquête préliminaire pour gestion douteuse.

Dans
l’Aube, la fédération a demandé, par voie de justice, de revenir aux
anciens statuts. Elles ne sont pas les seules à se rebiffer. Bref, les
coutures de la tunique craquent de partout. La contestation prend peu à
peu de l’épaisseur. Elle s’exprimera le 18 novembre lors de l’assemblée
générale, en cherchant à bouleverser la routine qui veut que l’on vote
avant de répondre aux questions qui fâchent.

Nos nombreuses tentatives pour joindre Michel Tanfin, président de l’Union nationale de l’ADMR, n’ont jamais abouti.

Dans un deuxième papier que voici, Marie-Odile Nicolas évoque la condition des salariés du réseau.

Le Spleen des salariés

Si
le groupe Mirabelle détaille avec force ce qu’il estime être des
dysfonctionnements, il parle cependant assez peu des conditions de
travail des petites mains de la maison qui créent toute la richesse du
réseau.

 Pour lire la suite cliquez ICI