Accessibilité inaccessible ? par J-Louis Fontaine
Rendre la ville accessible aux personnes handicapées avant 2015. Tel est l’objectif qui est fixé et imposé aux collectivités territoriales. « La crise » (qui a bon dos…) doit-elle justifier de remettre cela en cause ? Ce serait se moquer des citoyens que de le prétexter ! Depuis le vote de la loi n°2005-102 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées le 11 février 2005, les collectivités ont eu le temps de s’y préparer.
Certaines ont fait des efforts très louables. Quelques-unes (plus rares) ont vainement espéré des dérogations. Il faut dire que certains lobbies sont très présents auprès des députés et sénateurs. C’est ce que dénonçait Philippe Steinier dans handimobility.org, en février dernier : « Accessibilité : Le nouveau scandale des lobbies et députés en matière de dérogation du bâti neuf. Une analyse peu flatteuse pour le pouvoir en place ». (afficher ici )
« En 2015, bâtiments et espaces publics, transports, TIC… devront être accessibles aux personnes handicapées. Le chantier est colossal et coûteux (17 milliards d’euros pour les seuls ERP appartenant aux collectivités) », comme le précise le Courrier des maires (afficher ici )
L’Association des maires de France (AMF) a essayé, en vain, d’obtenir que soit repoussée la date butoir pour les obligations d’accessibilité, ainsi qu’un assouplissement des normes. Ce n’est que justice. Il n’est pas question de revenir sur ce qui a été acquis en février 2005 !
Mais l’Etat ne pourrait-il encourager plus les bonnes initiatives, les collectivités qui ont fait et font un effort, dans un contexte économique difficile ? Le Chef de l’Etat et son gouvernement se posent en défenseurs de la loi, mais ne font rien pour aider à sa mise en application ! Il est trop facile de se décharger ainsi de ses responsabilités. C’est pourtant un ministre, Michel Barnier, qui a déclaré en 2000 : « L’Etat est plus fort s’il fait moins de choses mais mieux ». Rendre la ville accessible à tous, c’est aussi améliorer le quotidien, la qualité de vie. En ces temps difficiles ce doit être une priorité.
Pour conclure : « Un Etat qui n’a pas les moyens d’effectuer des changements n’a pas les moyens de se maintenir ». Edmond Burke (Réflexions sur la Révolution française)
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