Vieillissement et migrations

Gérontologie et société

N°139 – Fondation nationale de gérontologie

Longtemps associées au développement industriel des pays riches, les migrations humaines ont changé de visages au cours des trois dernières décennies. Tout d’abord les déplacements de population, subis ou désirés par les migrants, ne se font plus seulement dans le sens Sud-Nord, mais aussi Est-Ouest et Sud-Sud. Ils se sont mondialisés. Ensuite, l’allongement de la durée de la vie et le vieillissement démographique des pays développés entrainent un fl ux migratoire nouveau dont les impacts économiques et sociaux sont de plus en plus forts dans les pays d’origine des migrants.

Ce numéro propose une double approche de ce phénomène.

Dans une première partie, il analyse le « dévieillissement
» des populations européennes et les
défi s auxquels l’allongement de la durée de la vie les
confronte.

Si le système migratoire du care répond aux
besoins immédiats des personnes âgées, de leurs familles
et des institutions spécialisées, il pose de manière
renouvelée la question de la confrontation des « blancs »
dépendants aux personnes immigrées dans la prise en
charge et le soin. Et celle de l’intégration temporaire ou
durable de ces dernières dans les pays d’accueil.
Une seconde partie porte le regard sur les diffi cultés
rencontrées par les immigrés venus en France au cours
des Trente Glorieuses. Aujourd’hui âgés ou très âgés,
ces hommes et ces femmes sont pris dans une oscillation
souvent faite d’arrachements entre deux cultures.
Comment ces personnes, leurs enfants mais aussi les
professionnels qui les accompagnent composent-ils
avec la réalité d’un double enracinement ? Chercheurs
et acteurs de terrain apportent des réponses dont
on voit les échos se prolonger jusque dans la vie de
leurs enfants et petits-enfants. Des échos qui viennent
interroger le poids du passé dans le vivre ensemble
d’aujourd’hui, les expériences de la diversité et l’articulation
possible, ou non, des choix personnels et des
choix collectifs.
Enfi n, une dernière partie détrompe le fantasme du « vivre
au sud » des retraités aisés des pays développés