CCU BAD : la grogne monte dans les rangs des salariés ADMR…en contraste total avec le positionnement "irréel" de l’UN ADMR

Source  : http://groupe-mirabelle.org/

Mise en application – en catimini – le 1er janvier 2012, la nouvelle convention collective de la branche de l’aide à domicile fait de nombreux mécontents parmi les salariés de l’ADMR. Dans plusieurs départements, ils s’organisent : grèves, pétitions…  L’uniformisation de la branche s’est faite à leur détriment. L’ancienne convention collective ADMR leur était plus profitable à de nombreux niveaux (indemnisation des kilomètres, congés d’ancienneté, non-obligation d’adhérer à une complémentaire santé…)

Sourde à ces manifestations de colère, de détresse, d’incompréhension… l’union nationale ADMR se félicite même de cette nouvelle convention « un texte d’avancée sociale qui va permettre à l’ensemble des salariés d’accéder à de nouveaux droits, à un dispositif de professionnalisation renforcé et à une meilleure conciliation en vie professionnelle et vie privée » (extrait du Lien, le mensuel des associations ADMR, de janvier 2012). Un avis que ne partagent pas des milliers d’aides à domicile qui viennent de recevoir leurs bulletins de salaire de janvier amputés de 40% des indemnités kilométriques et grevés de la cotisation à la complémentaire santé obligatoire. Les contreparties (majoration de 45% des jours fériés travaillés) ne pèsent pas lourd dans la balance.

Les salariés de l’ADMR s’organisent pour lutter contre la CCU BAD

Déjà en 2011, des salariés s’étaient mobilisés un peu partout en France (Aveyron, Haute-Savoie, Vienne, Finistère…)… mais leurs appels sont restés sans réponse, trop peu relayés par les médias, par les associations employeurs… Dans la plupart des cas, les enjeux et les conséquences de cette nouvelle CCU pour l’ADMR ont été soit sous-estimés par ignorance soit volontairement tus pour ne pas faire de vagues.

La convention applicable, les effets se font désormais concrètement ressentir. Les aides à domicile, jusque-là peu informées et intéressées, se mobilisent contre la CCU BAD dans l’espoir qu’il ne soit pas trop tard.

Lundi 23 janvier, des salariés de l’association locale ADMR de Chateaugiron (35) ont fait grève pour manifester leur opposition à cette nouvelle convention dénoncée comme une « remise en cause de nos maigres acquis » et la cause d’une « dégradation des conditions de travail et du pouvoir d’achat ».

Par ailleurs, une pétition vient d’être lancée par les salariés d’une association locale dans le Finistère. Cette pétition, destinée à toutes celles et ceux concernés par l’aide à domicile, s’adresse à Xavier BERTRAND, le ministre qui a permis la promulgation de la CCU BAD. Les salariés y affirment leur opposition à l’application de la nouvelle convention en pointant du doigt le caractère régressif du texte qualifié de « nivellement par le bas ». Les salariés demandent la reconnaissance de leur métier et des conditions de travail adaptées.

En approuvant ce texte, l’UN a sacrifié les salariés ADMR… à quel profit ?

Il était déjà incompréhensible que notre union nationale, censée défendre les intérêts des salariés, ait pu signer un tel accord, mais le plus difficile à accepter est qu’elle s’en félicite ouvertement : « Un texte qui représente un progrès pour l’ensemble du secteur ». Pour une partie du secteur peut-être, mais pour l’ADMR c’est faux, c’est une régression. L’ADMR bénéficiait de sa propre convention collective. Pourquoi mettre en œuvre une convention de branche plus défavorable, alors même que l’ADMR en est à l’initiative?

Avec le recul, une autre réalité apparaît, qui ne peut être niée, cette convention collective unique de branche profite surtout à l’AG2R qui voit affluer des milliers de clients captifs (retraite, prévoyance et bien sûr complémentaire santé).

Que peuvent désormais espérer les salariés ?

En manifestant, les salariés espèrent le retrait de la complémentaire santé obligatoire. Le combat sera difficile compte tenu des enjeux financiers. Les assureurs, AG2R en tête, ne renonceront pas au « marché » ADMR. À notre connaissance, il n’est pas de branche professionnelle qui ait pu revenir en arrière sur la mise en place d’une complémentaire santé obligatoire dans le cadre d’une convention collective.

Les salariés appellent également à une juste indemnisation des frais kilométriques. Alors que le litre d’essence à 2 €uros sera bientôt une réalité, les salariés, avec une mobilisation forte, pourraient -peut-être – obtenir une réévaluation des indemnités kilométriques. Dans le cas contraire, il leur deviendrait de plus en plus difficile de travailler.

Autre point de revendication légitime : la réévaluation des grilles de salaire. Il est inacceptable que cette convention collective de branche ait pu être adoptée alors même que les neuf premiers échelons de la grille A se trouvent en dessous du SMIC. Actuellement, il faut 9 ans à un salarié afin de voir sa rémunération dépasser le SMIC. N’est-ce pas par là que les signataires de la convention collective auraient dû légitimement commencer ? Les priorités ne sont décidément pas les mêmes pour tout le monde.