ADMR 29. "Désespoir"

Auteur : Karine JONCQUEUR

source : http://lactudeladmr29.blogs.letelegramme.com/

Je publie ci-dessous un témoignage "intitulé "Désespoir". Sûrement pas par voyeurisme. Mais comme son auteure, je me sens démunie pour alerter sur une détresse psychique, qui se tait souvent ou qui m’est confiée. Ces jours derniers, quelques-uns des contributeurs "solides" – et qui pour moi ont un nom – à l’alimentation de ce blog, par les informations ou les commentaires fiables qu’ils me transmettent, "craquent.

Bonjour Karine,

Je suis désolée de vous ennuyer avec l’ADMR un dimanche, mais je viens de lire un message d’une collègue et amie, qui partageant sur FB votre article sur « les regrets de l’AD29 » écrit ceci en guise de statut :« Il me reste la pendaison ou le taillage de veine;.j’hésite là … ». ce ne sont pas de simples expressions de langage. Non, pour cette amie, je sais que profondément elle le pense. Comme d’autres. Je suis bouleversée, je me sens impuissante à l’aider au-delà des simples conseils d’amie, et …j’ai peur ! peur qu’il arrive un malheur dans les jours à venir, peur de l’avoir pressenti et peur d’avoir été témoin en amont de cette détresse sans rien pouvoir faire. Je compte sur son instinct de survie !

Jeudi dernier avec des collègues, nous avons exercé notre droit de retrait. Qu’est-ce qui m’a décidé ? En premier, évidemment, mon usure et ma souffrance dans une situation qui n’a que trop durée. Ensuite, les larmes de ma collègue au quotidien, sa détresse depuis quelques semaines et ses réactions face aux annonces des derniers jours. Les larmes des secrétaires, avec qui nous travaillons, se prenant cette détresse en pleine figure, alors qu’elles mêmes ont déjà suffisamment de problèmes à gérer. Jeudi, le « craquage » d’une autre collègue proche avec qui j’avais rendez-vous, et dont l’état m’inquiétait déjà depuis quelques temps. Vendredi, la détresse des bénévoles que je suis sensée aider, perdus dans tout ce marasme et répétant « comment allons-nous faire ? » « nous ne savons pas faire… ». Et moi…démunie face à tout cela.

Je ne peux plus supporter de voir mon entourage professionnel se disloquer, s’effondrer, les uns après les autres. Je ne peux plus faire comme si rien n’était, attendant simplement mon dû. Je ne peux plus laisser penser à certains bénévoles qu’ils ont raison de faire ce qu’ils ont décidé. Je ne veux plus participer à une organisation du travail globale humainement destructrice.

Nous sommes malheureusement peu à avoir exercé notre droit de retrait. Pourtant la souffrance est là ! Simplement, beaucoup sont dépités, démoralisés et dans une telle souffrance qu’ils sont incapables aujourd’hui de prendre les mesures nécessaires à leur protection. Beaucoup sont incapables même de formuler clairement en quoi ils sont en danger. C’est terrible ! le danger est là, ils le sentent, ils le décrivent, leurs corps leur signalent, mais ils sont paralysés par la peur (pas la même pour tous d’ailleurs) et camouflent leur mal être avec des médicaments.

Elle est là la vraie souffrance : imperceptible pour l’extérieur, insidieuse au quotidien, irraisonnée et irrationnelle la plupart du temps…voire incompréhensible pour ceux qui ne le vivent pas ! Elle ne s’efface pas simplement grâce à des marques de gentillesse, d’attention, de compassion, même s’ils sont bienvenus dans ce contexte.

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