Droit de réponse

Madame, Monsieur,

Dans un souci d’informer ceux qui vous lisent, j’espère que vous ne manquerez pas de publier la réponse ci-jointe à la lettre de deux députés mise sur votre site. Je suis à votre disposition pour toute information supplémentaire.

Cordialement,

Pr J-C Maleval.

UNIVERSITE POPULAIRE JACQUES-LACAN

NOTE SUR LA HAS, L’AUTISME ET LA PSYCHANALYSE

1. – La méthodologie employée par la HAS est inadéquate concernant les interventions d’inspiration psychanalytique avec les sujets autistes. Alors que de nombreux travaux psychanalytiques sont consacrés à ces pratiques, et que les études de cas probantes ne manquent pas, la HAS déplore « une absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés », Pourquoi ? Parce que son biais méthodologique la conduit à récuser les études de cas, faute de pouvoir les quantifier et les généraliser.

2. – Dans le domaine de l’autisme, l’efficacité de la référence analytique n’est pas évaluable en elle-même, car la pratique la plus fréquente est la prise en charge institutionnelle. Aucune cure psychanalytique n’est pratiquée, mais on offre à l’enfant un choix d’activités, et on l’accompagne dans ses inventions singulières. Sont toujours inclues des activités scolaires, parfois de l’orthophonie, de la psychomotricité, de l’ergothérapie, etc. Or, la méthodologie de la HAS porte exclusivement sur des pratiques différenciées. Elle est donc ici inapplicable.

3. – Cette méthodologie est calquée sur celle des « essais biologiques et médicamenteux » de la médecine factuelle. Tout se passe comme si les effets d’une psychothérapie étaient comparables à ceux d’un médicament. Or, c’est faux : le but d’un médicament est d’effacer un symptôme douloureux, une psychothérapie vise à construire une personnalité. Conséquence : la HAS est amenée à constater qu’aucune méthode de prise en charge de l’autisme ne peut faire l’objet d’une étude suffisamment rigoureuse pour dégager une preuve scientifique. La HAS non seulement reste dans l’incertitude concernant la « référence psychanalytique », mais de surcroît elle s’avère très prudente concernant les techniques d’apprentissage : la méthode ABA et le programme de Denver n’obtiennent qu’une « présomption scientifique d’efficacité »; TEACCH « un faible niveau de preuve ».

4.- Du point de vue scientifique : si, après tant d’années de recherches, tant de publications, tant de chercheurs et d’équipes mobilisées sur cette question, aucune démonstration scientifique probante n’a pu être mise au point dans le domaine de l’autisme, c’est bien la méthode d’évaluation employée par la HAS qui apparaît défaillante.

5. – Du point de vue éthique : les recommandations de l’HAS sont plus compatibles avec l’approche psychanalytique qu’avec ces pratiques éducatives contraignantes qui sont indifférentes au consentement de l’enfant, et qui négligent de prendre appui sur ses centres d’intérêt. C’est pourquoi des associations de parents prônent la référence analytique, tandis que beaucoup d’autres restent attachées au libre choix des traitements.

6. – Il convient de laisser libre cours à la diversité des approches et des recherches. Des approches très diversifiées possèdent incontestablement une efficacité positive sur le devenir de l’enfant autiste. L’étiologie de ce trouble reste aujourd’hui inconnue : les études génétiques, comme celle des spécificités parentales, n’aboutissent à aucun résultat probant. Il est impensable que le législateur tranche à l’aveugle. Cela n’a été fait dans aucun pays au monde.

Pr. Jean-Claude Maleval

10 octobre 2012

Pour en savoir plus :

– « Autisme, un courrier embarrassant pour un centre toujours cité en exemple », Dufau S. article du 3 Avril 2012, Mediapart.fr

– Autisme, à chacun son génome, éd. Navarin-Le Champ freudien, 2012, par Ansermet F, professeur de pédopsychiatrie, et Giacobino A., médecin généticienne, chercheuse en génétique.

– La bataille de l’autisme, éd. Navarin-Le Champ freudien, 2012, par Laurent E., psychanalyste.

– Ecoutez les autistes, éd. Navarin, 2012, par Maleval J-C, professeur de psychopathologie.