Débats « Citoyens »
Commission Sicard Fin de Vie
Auteur : Daniel Carré
Le sixième débat public animé par la Commission Sicard sur la fin de vie vient de se dérouler samedi 17 novembre à Lille. Il ressort que ces journées passées dans 6 villes différentes ont certes permis l’expression de témoignages, mais ont surtout été une tribune pour des soignants et médecins qui ont exprimé leur opposition à toute évolution de la législation.
Le Professeur Didier Sicard répondait ainsi le 17/7 dernier à un journaliste de La Croix :
« Idéalement, j’aimerais que ces débats permettent aux Français, de tous horizons, de poser des questions aux médecins, aux philosophes, aux représentants des religions, aux responsables associatifs. C’est de cette confrontation que peut naître une réflexion qui fasse vraiment avancer le débat. »
La parole a été largement utilisée par des professionnels, dont le point de vue était connu des membres de la Commission. Les citoyens ont difficilement eu la capacité d’exprimer leurs points de vue, ni de décrire leurs expériences. Il y a une très grande inégalité entre le citoyen avec son ressenti non formalisé et le professionnel dont le discours résulte d’un travail intense sur sa pratique quotidienne, notamment celui des soins palliatifs. J’ose un parallèle : que de médecins aiment parler des vieux et ne prennent pas le temps de les entendre ! Il en est de même avec la fin de vie et la mort. Tel est le pouvoir des clercs. Dans son interview à la Croix, Le Professeur Didier Sicard déclarait encore :
« Au cours des dernières années, les experts et les associations se sont largement exprimés sur le sujet. Nous avons des bibliothèques entières, remplies de documents sur les positions des uns et des autres qui sont connues de tous. Ma volonté, désormais, est de permettre un débat démocratique et citoyen sur des questions lui intéressent toute la société. »
À mes yeux, le débat démocratique et citoyen n’a hélas pas eu lieu. J’exprime en conséquence des doutes sur la pertinence des conclusions qui seront tirées de ces six réunions sur la fin de vie. C’était certes un exercice difficile, pour une commission soumise à une obligation de production très rapide. Je ne mets pas en cause les intentions des membres de la commission. Ils ont été manipulés par des personnes motivées par des mobiles idéologiques, inconsciemment soutenues dans leur action par la vague actuelle de dénigrement de la politique du gouvernement. Une minorité qui s’accroche à une vision du monde qui n’est plus la réalité de notre société.
Ces réunions ont été une opportunité pour des professionnels d’exprimer, parfois violement, une position de refus du changement, qui traduit aussi une grande angoisse devant l’avenir. Or, le point de vue passionnellement opposé à l’euthanasie de médecins et de soignants est celui d’une minorité de professionnels de santé. J’ai récemment animé au Salon Infirmier un Atelier sur la Fin de Vie : plus de 150 soignants présents ont débattu sereinement de l’évolution de la législation pour laquelle je milite. Le récent Sondage du Pellerin et celui effectué quelques semaines après par l’ADMD montrent qu’une écrasante majorité de Français est pour une évolution de la législation. Cette majorité souhaite que leur volonté de citoyen soit écoutée et respectée par les soignants, auxquels ils accordent leur confiance, car aider à mourir paisiblement une personne en fin de vie qui le demande devient un acte de soin dans notre société.
Daniel Carré
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