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Plan Alzheimer et conflits
d’intérêts: les Sarkozy, Sanofi, recherche publique, franchises médicales…
Les deniers publics feront les profits privés

L’un des principaux symptômes de la maladie
d’Alzheimer, c’est une altération de la mémoire. Exerçons-là un peu, alors.
Pour voir comment les maillons de la chaîne
politico-sanitaire s’enchevêtrent avec les gros intérêts privés de l’industrie
pharmaceutique
, et ce depuis la famille Sarkozy jusqu’à notre firme
nationale, Sanofi Aventis. L’imbrication est parfois directe, parfois
par maillons interposés, comme il se doit dans tout réseau.


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La maladie d’Alzheimer ne semble pas avoir été choisie
par hasard par Nicolas Sarkozy, mais ce n’est pas la première fois que des
initiatives présidentielles confortent les intérêts économiques privés de ses
proches. Les conflits d’intérêts sont juste mieux cachés dans ce cas, occultés
par des envolées lyriques et la posture du volontarisme politique (voir les discours).

La Fondation de la coopération scientifique sur la
maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées

Le premier conseil d’administration de la
"Fondation de la coopération scientifique sur la maladie d’Alzheimer et
les maladies apparentées" a eu lieu le 7 novembre 2008, présidé par Philippe Lagayette, désormais "vice-président de la
banque JP Morgan pour la région EMEA" et "président du groupe dédié
aux fonds souverains en Europe". Les banquiers et l’Alzheimer, par les
temps qui courent, est-ce vraiment une sage association ? Espérons que M.
Lagayette ne nous créera pas une "bulle Alzheimer" oublieuse de la
raison et faisant des investissements à risque au travers de hedge funds pour lequel seul le profit est
"souverain"…

Je propose qu’un collectifs de médecins et d’usagers
indépendants de tous bords testent régulièrement les capacités cognitives de
tous ceux qui sont impliqués dans la gestion tant financière qu’intellectuelle
et scientifique de la "grande cause Alzheimer".

La précaution ne serait pas inutile. Parce que,
décidément, il doit y avoir une affinité secrète entre les fonds souverains –
destinés à maîtriser la crise financière – et les firmes pharmaceutiques. Une
alchimie et des covalences inaccessibles à l’usager lambda qu’est
Pharmacritique… Parce que Jean-François Dehecq (patron de Sanofi-Aventis)
navigue lui aussi dans ces eaux-là ; il a été
nommé
par Sarkozy président du conseil d’orientation du "fonds souverain à la
française"
(voir notre note)…

Voilà, avec Lagayette, encore un exemple du mélange
malsain des genres et de la promiscuité entre finances publiques et privées et
grands laboratoires privés… Et tout cela pour la philanthropie, bien sûr… Mais
cela n’est pas tout, comme on le verra en tirant sur juste une ou deux mailles
du filet.

Le directeur général de la Fondation est le Pr
Philippe Amouyel
, qui dirige l’Institut Pasteur de Lille. Cette
institution est, selon ce portail régional, "le partenaire de
nombreuses firmes pharmaceutiques des États-Unis et d’Europe". Un petit
détail.

La Fondation de la coopération scientifique s’inscrit dans le cadre du plan
"Alzheimer 2012
"
et se propose de soutenir la
recherche, notamment en matière de médicaments, comme on le voit par la
présence des firmes
Sanofi-Aventis, Merck Sharp &
Dohme, Servier et Ipsen
, qui, nous dit pudiquement le Panorama du
Médecin
du 17 novembre 2008, "participent au développement de cette
fondation". En fait, ils
"sont d’ores et déjà
membres fondateurs" et "ont siégé au premier conseil
d’administration"
, nous apprend le communiqué de presse du 13 novembre de Sanofi
Aventis. Tout le monde se félicite de cette "contribution financière"
et "des échanges étroits [qui] seront organisés entre la sphère académique
et la sphère privée au travers de la Fondation."

(Lorsqu’on connaît le respect de Sarkozy et des
banquiers pour la "sphère académique", on peut craindre le pire…
Voir les notes de la catégorie "Université SARL. Partenariats public-privé").

L’exemple du "partenariat" public-privé
Innovative Medicine Initiative

En fait, on ne devrait pas parier que le privé apporte
plus qu’il n’emporte dans cette juteuse affaire de "mise en commun"
des connaissances, surtout si elle se fait sur le modèle conçu par notre
vénérable Commission européenne, dont tout le monde connaît le dévouement à la
cause de l’intérêt général et des services publics. Pharmacritique a décrit ce
modèle dans la note "Innovative Medicines Initiative: la Commission européenne et EFPIA s’allient pour dévaliser
la recherche et les deniers publics
"… Sous couvert de
financements privés, d’apport de liquide et d’investissements. Où que l’on se
tourne, on tombe toujours sur les "investissements"
pharmaceutico-bancaires, sur la même pensée unique dont nous vivons les effets
en ce moment même. (L’EFPIA est l’organisation patronale européenne de
l’industrie pharmaceutique).

Ce modèle de pseudo-partenariat est un moyen
parfaitement légal pour que le privé s’approprie les résultats des
investissements étatiques traduits dans la recherche publique, en les brevetant
pour s’assurer des profits considérables
, protégés par des lois de propriété intellectuelle
qui ne sont pas taillées pour les petits. Il suffit de lire – dans la note déjà
citée – les critiques adressées par l’union des sociétés
publiques de recherche allemandes, la Helmholtz Gemeinschaft, aux autorités européennes
responsables d’Innovative Medicine pour se convaincre que tout est
calculé jusque dans le moindre détail pour spolier le public et enrichir les
firmes privées et leurs actionnaires.

L’alliance pharmaceutique française se préparait pour
l’investissement Alzheimer et n’attendait que de pouvoir se déployer à plus
grande échelle

Prenons juste un exemple, assez représentatif,
semble-t-il.

Regardons cette dépêche de Sanofi annonçant déjà en novembre 2006
ce qui se préparait déjà : "Sanofi-Aventis, Innogenetics et l’Inserm signent
un accord de collaboration dans la maladie d’Alzheimer", et dans des conditions
très strictes de partage de la propriété intellectuelle : tout va aux deux
firmes privées, l’institution publique (Inserm de Lille) aura simplement de
quoi financer les recherches commanditées par les deux autres… "Cet accord
est conclu pour une période initiale de 2 ans,
avec la
possibilité pour Sanofi-Aventis d’obtenir une licence mondiale exclusive

sur les résultats de ce programme de recherche dans le domaine thérapeutique.
Innogenetics disposera d’une licence mondiale exclusive dans le domaine du
diagnostic.

Le présent accord se fonde sur l’accord de propriété
intellectuelle et de collaboration dans le domaine de la recherche, conclu en
2002 entre Innogenetics et l’Inserm de Lille (U-422) pour le développement de
nouveaux outils de diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Les résultats de la
collaboration permettront d’étudier le rôle de formes spécifiques du peptide
bêta-amyloïde, peptide essentiel dans la pathogenèse de la maladie d’Alzheimer,
ainsi que des technologies associées, en vue de découvrir de nouvelles pistes
thérapeutiques pour le traitement de la maladie
. Sur la
base des technologies et des produits d’Innogenetics et de l’Inserm,
Sanofi-Aventis évaluera différents candidats produits
contre des formes
variées du peptide, dans un programme d’immunisation passive.

suite et lien : http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2009/03/05/alzheimer-nouvelle-fondation-de-cooperation-scientifique-mai.html