Les
engagements et responsabilités de retraité

Assumer
mes engagements et mes responsabilités face aux défis et dans la
défiance et l’incivisme marqués, est-ce que j’en suis capable ? Seul
certainement pas. Ensemble, formés et inscrits dans un plan élaboré à l’échelle
nationale, européenne et mondiale, sans doute.

« Passerelles »,
une source.

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Depuis
mon entrée en situation de retraite (1999), alors que je ne suis plus contraint
aux 35 heures hebdomadaires de travail obligé[1][1], j’essaie de
transformer mes expériences personnelles et professionnelles en « outils » me
permettant de continuer des échanges en réciprocité avec les deux générations
qui me précèdent, et les trois qui me suivent.

J’ai
conscience combien je me suis trop facilement laissé emporter par « les
progrès d’après guerre » en m’investissant dans la construction d’une carrière
qui m’a permis (j’ose le croire) d’assumer mes responsabilités de mari (ma jeune
femme ne travaillait pas afin  «d’élever » nos trois enfants), de père, de
grand-père et de citoyen engagé dans la société.

Aussi,
lorsque je lis : « … depuis les cinquante  dernières années on assiste à
d’importants changements globaux…,  l’humanité fait face à de nouveaux défis… [2][2] »,
en même temps
que  «… ici (en France) plus qu’ailleurs, on se méfie de ses
concitoyens, des pouvoirs publics et du marché. Cette défiance allant de pair
avec un incivisme plus fréquent…[3][3] 
», j’ai quelques
retenues.

Comment
alors, mieux participer à « ré orienter » les politiques de cette société afin
que celle-ci se présente avec des projets d’avenir les meilleurs qui soient pour
les générations précédentes[4][4] et futures
?

Comment
alors développer les meilleures initiatives, les meilleurs engagements, les
meilleurs espoirs, les meilleures relations entre cinq, six générations  pour un
avenir riche de promesses simples, efficaces et humaines ?

Comment
alors orienter les énergies, le temps, les savoir-être et savoir-faire, les
expériences personnelles et professionnelles… ?

Entre
les retraités « libérés » par les entreprises avant 60 ans (parfois bien avant),
et le gouvernement qui demande un allongement des années de cotisation en
travaillant au-delà de cet âge, chacun peut comprendre qu’une telle discordance
interroge les plus jeunes sur leurs conditions et environnements de retraite et
de vieillissement futurs.

Mon
travail m’a donné à rencontrer des retraités qui souhaitent qu’on leur fiche la
paix, d’autres qui s’inscrivent dans le milieu associatif local pour
« s’occuper[5][5] » (les plus nombreux
comme consommateurs), d’autres encore qui cherchent un revenu complémentaire par
besoin de continuer une activité ou par nécessité économique, il y a ceux qui
jugent que leurs engagements et leurs responsabilités sont à leur porte
(accompagnement des personnes âgées ou handicapées, des enfants, des familles..
), ceux qui veulent d’abord penser aux pays en voie de développement…
etc.

J’ai pu
observer combien les retraités ne s’engagent pas dans des responsabilités s’ils
ne sont pas convaincus que leur rôle et leur place sont essentiels dans la
société. Alors ils abandonnent leur développement personnel et collectif,
essentiel pourtant afin d’assurer leur autonomie et  leur indépendance physique,
intellectuelle et mentale, durant leurs trois ou quatre prochaines décennies
d’espérance de vie.

L’allongement
heureux de la durée de la vie doit inviter les gouvernements à entreprendre des
actions valorisantes, motivantes… « séductrices ».

Les
aînés, heureux de vivre, doivent continuer de participer, d’innover, de créer,
d’espérer, de se passionner…, en ouvrant, par exemple, des « comptoirs ». Vous
savez ces lieux où, quand on veut, où l’on veut, avec qui l’on veut, face à
face,  chacun et tous nous pouvons multiplier des savoirs et des connaissances
par l’échange en réciprocité.

Je ne
voudrais pas être long (on me le reproche) mais lorsque j’ai voulu être patron
d’une entreprise, j’ai souhaité une « entreprise de trottoir » de façon à ce que
tout passant puisse voir ce que nous y faisions, ce que nous « fabriquions ».

Accompagner
jeunes, les démunis, les exclus…, ou visiter les entreprises pour découvrir des
métiers,  c’est bien, mais est-ce au moment où ils ont envie de savoir ? d’être
curieux ? d’être attirés ?…

On en
fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Mais lorsque ce moment arrive, c’est lui
qui cherche la source où étancher son envie ou son besoin.

Je suis
convaincu que devant les changements à défier je dois continuer d’être confiants
en assumant mes engagements et mes responsabilités humaines et civiques, pour un
monde meilleur.

Mais je
suis conscient que c’est seulement avec d’autres, avec vous tous, que pourront
jaillir les meilleures sources[6][6] sur et pour notre
planète.

Une
goutte d’eau c’est déjà la naissance d’une source. Ensemble nous pouvons
former le ruisseau tracé par toutes nos gouttes.

Je
l’apprendrai en vous lisant ou en vous entendant.

Merci
de votre attention.

Pierre
Caro

Chercheur
autodidacte : retraite et vieillissement

 


[1][1] en
fait, patron d’une petite entreprise personnelle, mes compteurs marquaient
facilement le double

[2][2] 
Charte des responsabilités humaines. Fondation Charles Léopold Mayer. 
Paris

[3][3]  La
société de défiance. Comment le modèle français s’autodétruit. Yann Algan et
Pierre Cahuc. Prix du livre  d’économie 2008 Editions ENS rue d’Ulm Paris. 4
ième de couverture.

[4][4]  les
jeunes retraités d’aujourd’hui doivent avoir conscience qu’ils seront les
parents ou grands-parents des jeunes retraités de
demain.

[5][5]
s’occuper : dans l’idée de « passer son temps » sans un projet de vie
construit.  Dictionnaire historique de la langue française. Le Robert. Sous la
direction de Alain Rey

[6][6] 
évitons les parasites des savoir-être et savoir-faire qui risquent de polluer,
par conservatisme ou défense de droits acquis, les décennies prochaines. Celles
que nous voulons continuer de partager.