Le pouvoir gris. Du lobbying au pouvoir sur soi
Gérontologie et société n° 143 – Décembre 2012

La notion de pouvoir gris définit d’abord l’action collective des groupes de pression de retraités sur les politiques publiques pour la défense des intérêts liés à la politique de la vieillesse. Toutefois, de manière extensive, elle désigne aussi l’ensemble des ressources mobilisées par les retraités, individuellement ou collectivement, pour agir sur leur environnement politique, économique, social, médiatique et culturel. Comment ces pouvoirs prennent-ils forme aujourd’hui dans les relations qu’entretiennent les élus, les professionnels et les retraités ?

La décennie actuelle témoigne d’un double bouleversement démographique et démocratique dans bon nombre de pays occidentaux. La proportion des personnes de 65 ans et plus a commencé à dépasser celle des 18-34 ans à tel point que certains experts concluent à une « passation de pouvoir ». Pour la première fois dans l’histoire les personnes âgées disposeront de plus de votes que les jeunes. Faut-il craindre une prise de pouvoir démocratique des aînés ?

Coordonné par Jean-Philippe Viriot Durandal dans le cadre d’un partenariat de la Fondation nationale de gérontologie avec le Réseau international sur l’âge, la citoyenneté et l’intégration sociale (Réiactis), ce numéro dresse un état des lieux de l’inscription du pouvoir gris et de l’empowerment en France et à l’étranger dans la vie des individus, les politiques publiques de la vieillesse, les rapports entre professionnels et personnes âgées au domicile et dans les établissements d’hébergement. Ce parcours permet d’établir un constat général. Aux actions classiques des groupes de pression de retraités sur les pouvoirs politiques se sont ajoutées de nouvelles attentes des aînés : celles du respect de leur volonté dans toutes les circonstances de la vie et donc celles de l’expression d’un pouvoir sur soi jusqu’aux âges les plus avancés.

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