Les personnes vulnérables : des victimes particulièrement exposées aux dérives sectaires
(extrait) Il n’existe aucune étude spécifique sur l’action des mouvements sectaires auprès des personnes âgées. Aucun chiffre n’est donc disponible.
De même, les condamnations pour abus de faiblesse ne permettent pas, selon les statistiques délivrées par le ministère de la Justice, d’identifier les situations dans lesquelles les personnes âgées ont été les victimes principales.
Les difficultés qui ont pour effet un manque de connaissances sur l’action des mouvements sectaires auprès des personnes âgées résultent des facteurs suivants :
– difficultés de pénétrer dans la sphère privée pour s’assurer de l’absence de sollicitations de nature sectaire ; en l’absence d’un proche vigilant, les abus dont peuvent être victimes les personnes âgées isolées risquent de passer totalement inaperçus ;
– réticence des victimes à déposer plainte ou à signaler les faits par honte de s’être fait « berner » ;
– la détection des dérives sectaires dont sont victimes les mineurs, malgré un consensus social fort et un arsenal législatif et réglementaire complet pour assurer une protection des personnes considérées comme les plus vulnérables de la population, est déjà délicate ; elle l’est plus encore pour les personnes âgées, qui ne bénéficient pas de la même attention des pouvoirs publics.
Les personnes âgées, fragilisées par l’âge, l’isolement, le deuil, la maladie, la perte des repères, l’altération des capacités physiques et intellectuelles, sont des victimes idéales des mouvements sectaires, pas autant comme cibles à recruter que comme sources potentielles de revenus et de capitaux.
Interrogé par la Miviludes, Bernard Ennuyer, docteur en sociologie, enseignant-chercheur à l’université Paris-Descartes, ancien directeur d’un service d’aide et de soins à domicile, évoque dans les termes suivants les caractéristiques des personnes âgées qui sont les plus exposées aux risques de dérives sectaires : » Il y a une fraction des populations vieillissantes qui est beaucoup plus à risques que d’autres au regard des risques de dérives thérapeutiques et de dérives sectaires.
C’est de toute évidence la fraction de la population âgée à partir de 80-85 ans qui est beaucoup plus à risque que les autres. »
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