A Calais, on envisage de remplacer des aides à domiciles contractuelles par des emplois d’avenir
Avec l’aimable autorisation de l’auteur, Michel Abhervé
(Présentation complète de l’auteur en fin d’article)
Tout programme d’incitation à l’emploi court le risque de se prêter à des effets d’aubaine. Celui des emplois d’avenir ne peut en être à l’abri, même si peu de dérives ont été constatées jusqu’à présent
C’est ce qui se semble se produire à Calais, où le CCAS envisage de remplacer un certain nombre de ses aides à domicile, employées sur une sucession de contrats précaires, dont pour certaines la succession les rapproche des situations constatées à La Poste, par des personnes embauchées en emplois d’avenir
C’est en tous cas ce dont nous informe La Voix du Nord dans un article intitulé “Calais : au CCAS, trente-trois aides à domicile remplacées par des contrats d’avenir “ qui peut être résumé ainsi ” la colère de Christelle et de ses collègues est décuplée quand elles comprennent que les tâches qu’elles accomplissaient jusqu’à présent seraient sans doute dévolues à des contrats d’avenir, actuellement en cours de recrutement. « On nous demande même de rester, le temps que ces personnes soient formées, on nous traite comme des moins que rien, comme des bouche-trou », s’étrangle Christelle qui, comme ses collègues, a confié ses intérêts au syndicat SUD.”
La sénatrice-maire, présidente du CCAS le reconnait en ces termes « Il y a eu des dérives budgétaires de l’ordre de 600 à 800 000 €, des dérives dans le fonctionnement, dans la gestion des plannings des titulaires et des auxiliaires. Les contrats pour surcroît d’activité ne sont pas renouvelés. Oui, une partie des 50 contrats d’avenir recrutés en ce moment par le CCAS seront affectés à l’aide à domicile. Je suis consciente que la situation est très difficile pour ces personnes, nous voyons dans quelle mesure certaines pourraient être employées en contrat d’avenir»
Si la situation financière de nombreux CCAS est financièrement difficile (nous y reviendrons prochainement grâce à une étude réalisée dans le Nord Pas de Calais), il n’en reste pas moins que cette façon de faire pose problème : la mairie semble en être consciente, si on en croit l’édition suivante du même journal qui titre ”À Calais, les aides à domicile auxiliaires du CCAS seront reçues en mairie“
Nul doute que ce dossier délicat illustre bien la complexité de la situation : remplacer des postes existant par des emplois d’avenir n’améliore pas la situation de l’emploi, même si elle soulage le budget de collectivités souvent exsangues.
Michel Abhervé
Professeur associé à l’université de Paris Est Marne la Vallée, il y enseigne l’économie sociale et les politiques publiques dans une licence professionnelle « Management des organisations de l’économie sociale ». Il a mis en place la possibilité de suivre cette formation en apprentissage. Il intervient également dans le Master rénové «Management de l’insertion dans l’économie sociale et solidaire » et contribue à l’animation du site ressources pour l’économie sociale www.univ-mlv.fr/ecosoc.
Michel Abhervé a exercé des responsabilités politiques en étant pendant plus de 20 ans élu à Evry et au conseil régional d’Île-de-France. Il a en particulier suivi des dossiers concernant l’insertion, la formation professionnelle, assuré la présidence de l’Union nationale des missions locales, et vient de suivre pour les employeurs de l’économie sociale le Grenelle de l’insertion, à travers un blog
Pour le contacter : mabherve@neuf.fr
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