Clamecy, 
Lannemezan, Lézignan-Corbières, Ancenis, Carhaix, Champagnole, Luçon, Redon,
Valréas, Arcachon, Ivry …  Les fermetures et les nouvelles menaces sur
des services hospitaliers tombent et s’accélèrent après les municipales ! Nous
sommes face à une aggravation sans précédent de la politique de
déstructuration, « de casse », des hôpitaux et maternités de proximité. Nous
refusons ce rouleau compresseur qui loin d’améliorer la qualité des soins et la
sécurité comme l’idéologie dominante le prétend, exclut ou limite l’accès aux
soins d’une frange de plus en plus importante de la population.

Tous les habitants de notre pays, surtout les plus démunis
d’entre nous, se voient de plus en plus éloignés des lieux de soins et
d’accouchement, et sont de plus en plus soumis à des frais supplémentaires
(franchises, déplacements…) sans compter les risques et la perte de temps qui
s’accroissent ainsi que les dépenses induites (transports médicalisés…) non
évaluées à ce jour.

Les personnes âgées sont évidemment parmi les premières
touchées, même si même si un nombre croissant de nos concitoyens sont aussi
concernés par ces décisions. L’allongement de la vie et l’augmentation de la
population très âgée qui en résultent, témoin des progrès de notre société,
représentent aujourd’hui un véritable défi de santé publique pour notre
pays.  Celui-ci a accumulé des retards importants dans les réponses à y
apporter tant dans le domaine de la prévention (vieillir oui, mais le mieux
possible), qu’en terme de développement des structures de santé et
médicosociales, ou d’établissement de nouvelles solidarités.

Aujourd’hui, ces questions sont utilisées par
ce gouvernement pour justifier les politiques de santé dans ce qu’elles ont de
plus régressives.
Ainsi, la maladie d’Alzheimer a servi de faire valoir à l’instauration
des franchises médicales !

Il en est de même pour les hôpitaux de proximité. Mme Bachelot
et d’autres ne les ferment plus. Ils en font des hôpitaux uniquement dédiés à
la prise en charge des personnes âgées, voire accompagnés par les soins de
suite. Contre toute intelligence écologique, économique et sanitaire, la
rengaine gouvernementale consiste à forcer les gens à se déplacer toujours
plus, ou alors à se faire moins soigner pour limiter les coûts : adieu donc
prévention et solidarité…

La Coordination Nationale dénonce ces orientations qui sont
contraires aux intérêts de toute la population et des personnes âgées plus
particulièrement. Elle réaffirme que l’hôpital
de proximité doit continuer à répondre aux besoins de santé de toute la
population, de la naissance jusqu’à la mort.

Pour ce qui concerne la population âgée ou très âgée, 
nous refusons de créer des lieux de soins-ghettos. Il ne faut pas scinder nos
populations, ni par sexe, ni par groupe ethnique, ni selon le revenu ou l’âge.
Bien au contraire, une vraie citoyenneté correspond à la prise en compte de la
pluralité. Une personne âgée ne doit pas être coupée du reste de la population,
c’est une condition de santé, de vie avec ses diverses motivations, de moral à
maintenir…

D’autre part, faire des centres dépouillés de la chirurgie,
d’urgences, de soins intensifs… des lieux pour personnes âgées, c’est priver
celles-ci de la nécessaire proximité de ces mêmes services, et donc les traiter
en citoyens de seconde zone.

La Coordination Nationale alerte sur la transformation des
services de soins longue durée en EHPAD (établissement d’hébergement pour
personnes âgées dépendantes), structures médicosociales dont le financement
repose sur les usagers et les collectivités territoriales et qui n’ont pas
vocation à recevoir des personnes à l’état de santé instable.

Comme pour l’ensemble de la population, la
disparition des hôpitaux de proximité a de graves conséquences sur la santé des
personnes âgées.
L’éloignement géographique s’accompagne d’effets néfastes sur la prévention,
l’accès aux soins et entraîne des retards de diagnostics et de traitements, du
fait des difficultés de déplacement rencontrées de façon quasi systématique par
les très âgés. Ceci conduira très vite à une dégradation  de l’état de
santé de la personne âgée, à l’instauration irréversible d’une perte d’autonomie
et à l’institutionnalisation qui en découle ou à un accroissement du nombre de
décès.

Prendre soin des personnes âgées nécessite la prise en compte
des facteurs psychologiques et sociaux. L’accompagnement par les proches au
cours d’une hospitalisation revêt une dimension essentielle. Des conséquences
graves telles que des syndromes confusionnels, des états dépressifs sévères
sont à craindre, pour les personnes les plus fragilisées.

L’hospitalisation dans un service de spécialités ou de
chirurgie éloigné sera considérée comme potentiellement déstabilisante pour ces
personnes. Les médecins hésiteront à poser certaines indications
d’hospitalisation ou chirurgicales. Seront ainsi exclues de soins
des personnes qui auraient pu en bénéficier dans un hôpital de proximité. La
fermeture de services constitue donc un obstacle de plus à la décision médicale
pour ces personnes âgées fragilisées.

La tarification à l’activité et ses effets
pervers de sélection des malades renforcera  cet état de fait. Elle est responsable d’une
fragilisation explosive de la grande majorité des hôpitaux.

Il n’est pas éthiquement acceptable que le
critère d’âge devienne limitant pour l’accès aux soins, pas plus qu’il n’est
éthiquement acceptable qu’une frange de la population ne puisse accéder aux
soins les plus adaptés à ses besoins de santé. La transformation des hôpitaux
de proximité en structures de gériatrie isolées ne peut que conduire à cette
situation.

La France bénéficiait jusqu’à présent d’un maillage de son
territoire par des structures hospitalières, qui peuvent constituer, à
condition que les moyens leur en soient donnés, un atout important dans le
développement des réponses attendues face au vieillissement de la population.

L’hôpital de proximité est un maillon essentiel des soins aux
personnes âgées. Mais pour cela, comme pour l’ensemble de la population, il est indispensable de maintenir ou rétablir
plateau technique, urgences, radiologie, chirurgie, psychiatrie et de
développer la gériatrie au sein de ces établissements ainsi
qu’un travail partenarial avec les structures et professionnels de santé de
ville sous forme de réseau gériatrique où prévention et soins seraient
indissociables sans aucune discrimination.

Le Site Hospitalier Territorial de Proximité,
tel que défini par la Coordination Nationale, répondant aux besoins de santé de
TOUTE LA POPULATION, comprenant ces différents services, sans oublier la
maternité,  reste l’élément indispensable de notre système de soins. Osons
rappeler que maintenir un service de maternité auprès d’un centre pour
personnes âgées, c’est aussi maintenir des liens humains et sociaux
indispensables pour une prise en charge réelle des populations dans toutes
leurs dimensions.

C’est pourquoi, réunie en Assemblée Générale à
Aubenas-Ucel le 6 avril 2008, la Coordination Nationale des Comités de Défense
des Hôpitaux et Maternités de Proximité, appelle à faire grandir partout les
mobilisations pour s’opposer à la destruction des hôpitaux et maternités de
proximité, et au-delà aux atteintes portées à notre système de santé solidaire.

Si on doit évidemment s’occuper des personnes
âgées, c’est dans toutes les structures hospitalières qu’il faut le faire ! Si
on veut promouvoir une santé respectueuse des besoins réels des populations et
des territoires, c’est dans la diversité de l’offre des services sanitaires des
hôpitaux de proximité qu’on y arrivera, et non pas en dépouillant les uns :
cela n’enrichira pas les autres et encore moins l’offre de soins !


Coordination Nationale
des
Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité

Mairie de St Affrique 12400 –

http://www.coordination-nationale.org

Postmaster@coordination-nationale.org
Président  Michel ANTONY  – Michel.Antony@wanadoo.fr