Le 3977 submergé
En quatre jours, le 3977, le numéro vert contre la maltraitance des personnes âgées et handicapées, a reçu plus de 2 000 appels C’est un raz de marée. Lancé il y a tout juste une semaine, le 3977 est submergé d’appels. Ce numéro national contre la maltraitance des personnes âgées et handicapées a reçu plus de 2 000 appels en seulement quatre jours.
« Du mardi au vendredi, nous en avons réceptionné environ 500 par jour ou même pendant la nuit », explique Catherine Maury, directrice de l’Association française pour la bientraitance des aînés et/ou handicapés (Afbah), qui gère le 3977.
« Au total, seuls 35 % des appels ont pu être traités. On fait pourtant notre maximum mais il faut bien comprendre qu’en moyenne, la conversation dure un quart d’heure. Quand vous avez une personne en grande détresse au bout du fil, vous ne pouvez pas raccrocher au bout de deux minutes en lui disant qu’il y a quelqu’un d’autre qui attend son tour », ajoute Catherine Maury.
Avant la mise en fonctionnement du 3977, les cas de maltraitance des personnes âgées pouvaient être signalés auprès de deux associations : l’Afbah en Île-de-France, et Alma-France dans une cinquantaine de départements.
Tout en s’appuyant sur ce réseau associatif bien en place, Valérie Létard, secrétaire d’État chargée de la solidarité, a souhaité la mise en place d’un numéro d’appel unique au niveau national, facile à mémoriser. Un numéro étendu à la maltraitance des personnes handicapées. « Visiblement, cela répondait à une attente très forte.
Depuis le lancement, un grand nombre d’appels concernent des personnes handicapées », indique Sandra Sapio, psychologue et coordinatrice du 3977.
Ouverte du lundi au vendredi de 9 heures à 19 heures, la plate-forme téléphonique est animée par une équipe pluridisciplinaire (psychologues, travailleurs sociaux, juristes…) chargée d’assurer une première écoute.
« Au départ, on considère que tout ce qui nous est dit est la vérité. Ensuite, si l’appelant est d’accord, on transmet le dossier à une antenne départementale qui va pouvoir gérer le problème au niveau local », explique Catherine Maury. Ces antennes associatives spécialisées, aujourd’hui en place dans 58 départements, vont d’abord vérifier le témoignage de l’appelant, en menant notamment une enquête téléphonique auprès du voisinage, de la famille, du médecin traitant…
« Si les faits semblent avérés, plusieurs solutions sont possibles, en fonction de leur gravité. On peut se contenter d’un simple rappel à la loi ou mettre en place une médiation familiale, mais on peut aussi solliciter l’intervention d’une autorité administrative ou judiciaire », détaille Catherine Maury.
Dans les départements qui ne disposent pas encore d’une antenne spécialisée, le dossier peut être transmis directement au conseil général ou à la Ddass. « Le dispositif sera généralisé sur l’ensemble du territoire en 2008-2009 », indique-t-on dans l’entourage de Valérie Létard.
Globalement, on estime que 70 % des cas de maltraitance des personnes âgées se produisent à domicile et 30 % en établissement. Ces violences peuvent prendre des formes très diverses. Elles peuvent être physiques (coups, brûlures, ligotage…) ou morales (chantage, abus d’autorité, non-respect de l’intimité, comportements d’infantilisation).
Dans certains cas, la maltraitance est financière.
« C’est le cas par exemple des enfants qui détournent l’argent de leur père ou de leur mère ou, simplement, qui cessent de leur acheter des vêtements ou de les emmener chez le coiffeur parce que cela coûte trop cher. Nous avons ainsi eu le cas d’une dame qui confondait les francs et les euros et avait fini par donner 4 000 € de pourboire à son aide ménagère », raconte Sandra Sapio.
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Pierre BIENVAULT
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