Dans le
Vaucluse, seul département à ne posséder aucune structure d’accueil pour les
handicapés moteur, le combat d’une famille pour la création d’un foyer pour
personnes handicapées motrices se heurte à d’étranges lenteurs
administratives.

Raphaël Sardou, lecteur-correspondant de Politis dans le
Vaucluse, revient sur l’affaire pour Politis.fr.

Jeudi 14 février 2008, fête des amoureux. Philippe Genest et
les siens avaient donné rendez -vous devant la mairie d’Avignon afin de
relancer la campagne d’information concernant la situation des personnes
handicapées moteur en Vaucluse.

Philippe, et son épouse, Christina, accompagnés de leurs deux
fils, Eric et Christian, ont rappelé aux nombreuses personnes venues les
soutenir leur difficile et douloureux combat, engagé en 1997, pour que soit
créée une maison d’accueil et de soins pour handicapés moteur à Avignon. Le
Vaucluse est en effet le seul département français à ne posséder aucune
structure d’accueil pour les handicapés moteur ! Promesses multiples et
stériles des pouvoirs publics, jeu de va-et-vient administratif, inertie des
responsables de tous bords politiques, propos de circonstances à l‘approche
des élections, comme en témoigne, notamment, une lettre datée du 11 février
de Marie-José Roig, maire d’Avignon depuis deux mandats et ancienne ministre
de la famille : tout l’arsenal des manœuvres dilatoires et indignes des soi-disant
responsables a été passé en revue.

Depuis plusieurs années, Eric Genest, 37 ans, passe la semaine
au Luc dans le Var, le seul établissement de soins du sud de la France qui a
pu l’accueillir. Revers de la médaille, ses parents viennent le chercher pour
le ramener à la maison familiale en fin de semaine, soit 700 km aller-retour
hebdomadaire. Outre les contraintes financières, il est facile de comprendre
combien cette situation, après tant d’années, peut pénaliser la famille
Genest, au plan affectif et psychologique. Mais le summum de cette tragédie
kafkaïenne tient, sans doute, dans l’imbroglio suivant la décision officielle
de la ville d’Avignon d’attribuer un terrain, en avril 2004, et de lancer les
opérations administratives pour l’obtention du permis de construire de cet
établissement d’accueil et de soins. Car dans le même temps, les
rétractations du maire d’Avignon, les propositions de trouver un autre
terrain (près d’une voie de chemin de fer) et les diverses péripéties
administratives font que le dossier, en ce début 2008, n’a pas avancé d’un
pouce. En sus, l’avis favorable établi à l’unanimité du comité régional de
l’organisation sociale et médico-sociale (CROSMS), indispensable pour
commencer les travaux, arrive à caducité en septembre 2008.

Dès lors, on est en droit de penser que toutes ces lenteurs
n’ont d’autres but que de torpiller le projet. On ne peut, de la même façon,
manquer de s’interroger sur ce double jeu mené par les élus et autres
« institutionnels ». Dans le contexte de pression foncière que
connaît la cité des Papes, le terrain attribué en premier lieu ne serait-il
pas convoité par des investisseurs pour la construction de logement de
luxe ? La création d’une structure d’accueil pour handicapés serait-elle
une nuisance pour l’image de la ville ? On se perd en conjectures.

Une certitude, néanmoins : au-delà de son combat
personnel, la famille Genest cristallise les attentes de nombreuses familles
du Vaucluse qui gèrent souvent avec beaucoup de difficultés, voire de gêne,
la situation d’un proche, handicapé moteur, sans solution d’accueil
spécialisé. Les prochaines semaines seront cruciales : le 10 mars 2008,
tout de suite après les élections municipales, on devait procéder à
l’attribution des marchés… Comme le craignait Christian Genest, juriste à
Paris et frère d’Eric, aucune information ni décision n’ont été prise à
l’issue de cette procédure administrative, ce qui confirme les rumeurs
persistantes qui laissent entendre que les entreprises de BTP concernées
pourraient renoncer à se porter candidates à l’appel d’offres pour la
construction de ce « Foyer pour personnes handicapées
motrices » !

Pour revenir au cas Genest, la plupart des élus, de toutes
tendances, impliqués dans l’immobilité de ce dossier, se représentaient aux
élections de ce mois de mars. Depuis le 14 mars, Christian Genest a entrepris
de faire la grève de la faim dans l’espoir de voir aboutir ce projet, vieux
de plus de dix ans.

Pour plus
d’informations et apporter votre soutien : 01 41 95 89 28, www.handiphobie.fr ou halte-handiphobie@handiphobie.fr