Paris, le lundi 28 avril 2008

Alors que le taux de participation au scrutin électronique (ouvert du 9 au 24 avril), destiné à élire les conseillers départementaux du futur Ordre infirmier, s’élevait à mi parcours à 7 %, Régine Clément, présidente de l’Association pour un Ordre des infirmières et infirmiers de France (APOIIF) ne parvint pas à cacher sa déception : « C’est une catastrophe » avait-elle déclaré.

A l’heure de la clôture de l’élection, le 24 avril, un regain d’optimisme a saisi les partisans de cette institution si souvent contestée, face à un taux de participation global de 13,73 %, et ce malgré le déroulement du scrutin pendant les vacances scolaires. Les artisans de l’Ordre sont d’autant plus enthousiastes que ces chiffres sont établis à partir du nombre total d’infirmières inscrites sur les listes électorales, alors que plus de 60 000 professionnelles n’ont pas reçu leurs codes de vote. Ce défaut de distribution est imputé par le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) aux vaguemestres qui face au surcroît de courrier ont « privilégié » « leur travail habituel ». L’organisation remarque en outre que « certains DRH » n’ont pas donné « de consignes de distribution au nom de la paix sociale ». A contrario, un large satisfecit a été donné au ministère de la santé par les promoteurs de l’Ordre, qui ont notamment salué le fait que le centre d’appel dédié aux élections ait fonctionné quotidiennement, y compris le dimanche.

Peu d’électrices et peu de candidatures dans le secteur privé

C’est, on s’en doute, au sein des hôpitaux et des cliniques que certaines électrices ont pu être privées de leurs codes informatiques. C’est également dans le secteur public et dans le secteur privé salarié que les taux de participation ont été les plus bas (11,91 % dans le public et 12,64 % dans le privé) alors que 21,31 % des infirmières libérales se sont dûment connectées pour voter. Ces disparités, qui ne s’expliquent pas seulement par un défaut de distribution des codes d’électeurs, mais également par la plus forte présence d’un courant fortement défavorable à l’Ordre au sein des établissements, se retrouvent également en fonction des départements. C’est ainsi que sont salués les très bons résultats du territoire de Belfort (47,62 % d’infirmières libérales ont voté) ou ceux de l’Indre (30,75 % des infirmières du secteur public ont participé au scrutin) tandis que sont déplorés les taux très décevants de Paris (7,24 % pour les libérales, 5,78 % pour le secteur privé et 4,93 % pour le secteur public) ou encore du Lot et Garonne (moins de 1 % de participation chez les infirmières des cliniques !). Si les taux de participation ont déjà fait l’objet d’une communication nationale, il faut pour connaître nominalement les conseillers qui ont été élus se retourner jusqu’à aujourd’hui vers les Directions départements des affaires sanitaires et sociales (DDASS). Après avoir montré un engagement sans faille dans l’organisation de l’élection, le ministère de la Santé a en effet marqué le pas en ce qui concerne la communication post élection. On rappellera que 3 348 candidatures ont été enregistrées pour 1 868 postes de titulaires. Reflétant un désintérêt marqué pour la mise en place de l’Ordre, les infirmières des cliniques privées ont été peu nombreuses à se porter candidates : le nombre de candidatures est plus faible dans ce collège que le nombre de postes de titulaires (529 vs 574).

Des résultats qui peuvent conforter partisans et opposants

Si ceux et celles qui ont milité tout au long de ces dernières années pour obtenir la création d’un Ordre se félicitent que les résultats aient été finalement moins décevants que ne le laissaient redouter les premières estimations (et plus importants que les élections à l’Ordre des kinésithérapeutes), les organisations défavorables à l’Ordre, bien que peu représentées, mais très actives (CFDT, FO, CGT), peuvent, pour leur part, remarquer que les taux de participation ne sont en rien un plébiscite en faveur de l’Ordre.