«Cette politique de relégation a existé ailleurs qu’à Belle-Ile»

Selon l’historien du handicap, Jean-Jacques
Striker, ce qui s’est passé à Belle-Ile est à resituer dans un contexte
général de mise à l’écart des enfants handicapés que leurs parents
pensaient surtout à protèger

Henri-Jacques Stiker est directeur de recherche au Laboratoire Identité-culture-territoire, Université Paris VII-Denis Diderot

Ce
foyer de Belle-Ile, où pendant longtemps des enfants handicapés ont
grandi loin du regard des autres et surtout de leur famille, est-il un
cas isolé ou bien y avait-il à l’époque d’autres institutions du même
type en France ?

Henri-Jacques Stiker :
« Le cas de ce foyer de Belle-Ile n’est nullement un cas isolé. Il
s’inscrit dans une politique dite de «relégation» face au handicap,
tout particulièrement du handicap très lourd ou du handicap
intellectuel ou psychique. Le principe de base, à l’époque, était celui
de la séparation, de la mise à l’écart : on envoyait ces enfants, ces
adolescents dans des institutions situées à la périphérie, loin des
centre-villes. Il y avait une volonté de mettre ces enfants atteints de
handicap le plus loin possible des regard dans des institutions
extrêmement fermées dont ils ne sortaient plus. Cela a existé à
Belle-Ile mais aussi en Lozère ou dans d’autres endroits en France.
 

Recueilli par Pierre BIENVAULT