Champignons de juillet à l’Assurance Maladie et au ministère du budget

article de notre ami et partenaire Jérôme PELLISSIER, www.jerpel.fr

On a suffisamment commenté les déclarations du Grand
Champignon qui dirige l’Assurance Maladie, Frédéric Van Roekeghem, que
le gouvernement a livré à l’ire publique pour tester une mesure
affectant directement l’un des cauchemars des libéraux, les "malades de
longue durée" : ne rembourser qu’à 35 % les médicaments à vignette
bleue, dits "de confort", actuellement pris en charge à 100 % pour les
patients touchés par une affection de longue durée.

On a en revanche moins commenté l’une des shadokeries
que révèle cette affaire, précisément cette catégorie de "médicaments
de confort" qui sont, pour de nombreuses personnes malades, absolument
nécessaires et thérapeutiquement indispensables. Loin du "confort".
Tant qu’on utilisera ce fourre-tout "de confort", on essuiera
régulièrement les tentatives pour les exclure de la sécu.

Entre shadoks et champignons, entre absurdes bestioles
et méchants crétins, la frontière est souvent mince. Elle a été
également franchie dans cette affaire.

« Il faut réserver le bénéfice du
dispositif ADL [Affections de Longue Durée, avec remboursement des
soins à 100 %] aux pathologies qui sont véritablement longues et
coûteuses »
, a déclaré le champignon de l’UNCAM dans Les Echos. Ainsi, les traitements contre l’hypertension ou certains diabètes, "surtout considérés pour la majorité des cas comme des facteurs à risques", précise l’Uncam, pourraient être exclus du dispositif.

Voilà de la prévention, de la belle mesure à long
terme : tout faire pour que les personnes souffrant d’hypertension ou
de diabète se soignent moins bien.
Avec un peu de chance (est-ce dans les calculs de Frédéric
Van Roekeghem ?), ça les fera mourir plus vite et plus rapidement. Des
"longue durée" en moins. Avec un peu moins de chance, faute d’avoir
correctement pris soin de ces "facteurs de risque", cela provoquera des
maladies de longue durée plus nombreuses et plus coûteuses.
Mais ce jour-là, le directeur de la CNAM ne le sera plus – peut-être le retrouvera-t-on chez Axa, son ancien employeur.

En attendant, le "trou de la sécu" continue de se
creuser. Les 6 milliards et des poussières d’euros que l’État lui doit
continuent de ne pas lui être remboursés, le Gouvernement continue de
diminuer ses rentrées financières (baisses des cotisations patronales
notamment)…

La part des revenus et des cotisations sociales
continue de baisser (- 10 points de PIB en 25 ans), celle des profits
continue d’augmenter (+ 9,3 points de PIB en 25 ans). Mais on ne va
quand même pas en tenir compte pour changer le mode de financement de
la sécu : puisqu’on vous dit que le PROBLEME de la sécu, ce sont les
malades !

A propos de champignons et de santé, il en est un que nous avions laissé en cave depuis avril :
Souvenez-vous – en avril en effet, Monsieur Eric Woerth, ministre du budget, déclare :
"Quel Français peut dire qu’il a dû renoncer à des soins pour des raisons financières ? Cela n’existe guère."

En avril, rappelons-le, une étude de l’IRDES
re-confirmait précisément qu’environ 25% des "ménages modestes"
renoncent à des soins pour des raisons économiques.
"Cela n’existe guère."

Comment interpréter une telle déclaration ?
Soit ce monsieur est convaincu de ce qu’il dit, illustrant alors :
prétention à parler de ce que l’on ne connaît pas ; ignorance de la
réalité ; manque de réflexion ; etc. Bref, sous une forme ou une autre,
bêtise.
Soit ce monsieur sait pertinnement que ce qu’il dit est faux. Et alors, c’est une ordure.
Crétin ou ordure ?
On m’accusera d’être violent.
Mais est-ce bien moi, dans cette affaire, qui suis le plus violent ?