La grande hypocrisie
C’est formidable comme la
détresse humaine peut occuper les médias et la classe politique du moment
qu’elle fait vendre du papier ou parler beaucoup pour ne rien dire ; du
moins pour éluder le véritable débat.
Le suicide de Rémy Salvat a ému
tout le monde. Plus qu’un « fait divers », ce geste a eu le mérite de
relancer les discussions sur « l’euthanasie », ou « le suicide
accompagné », ou…..On ne sait plus trop comment appeler ce dont il est
question…
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Tout cela parce qu’en France on
n’a pas encore engagé de réel débat sur ce sujet. Il y a bien été amorcé autour
de la loi Léonetti, du 22 avril 2005. Force est de constater que rien n’est
résolu. Sur ce thème « La loi Leonetti. Regards du philosophe », de
Jacques Ricot est passionnant à lire.
(http://www.esprit-et-vie.com/breve.php3?id_breve=565
)
J. Ricot y écrit, parlant de
l’expérience hollandaise :
« ..Ils se sont interrogés sur la signification
sociale d’une loi qui aurait mélangé des
pratiques médicales raisonnées et la dépénalisation de l’euthanasie. L’euthanasie ne complète pas
l’accompagnement, elle le supprime. Elle ne succède pas aux soins palliatifs,
elle les interrompt. Elle ne soulage pas le patient, elle l’élimine. »
La dernière phrase précise bien
les conséquences de certains choix.
Les lois ne résolvent pas
toujours tout. Le Pays-Bas a, certes, légalisé « l’euthanasie », mais
cela n’a pas empêché que se poursuivent les euthanasies clandestines : une
sur deux l’est.
La loi ne doit pas servir à
déresponsabiliser le corps médical et rendre plus confortable des décisions
irréversibles.
Nous pouvons nous interroger sur
les motivations de ceux qui encouragent à ce qu’ait lieu un débat public, alors
que ne s’expriment que passions et émotions. Si celles-ci sont légitimes, ne
nuisent-elles pas à un débat posé, dépassionné et respectueux des souffrances
comme des convictions, de l’intérêt général comme de celui de chacun de disposer
de sa vie ?
S’il est indispensable de
légiférer sur ce qui doit être un accompagnement de fin de vie, dont celle-ci a
été décidée par la personne malade, il n’en reste pas moins capital que le
libre arbitre de chacun soit respecté.
Se présente la situation des
personnes qui « ne peuvent choisir » elle-même. Les limites
posées par la loi sont-elles suffisantes ? Et surtout, les conditions
sont-elles réunies pour respecter chacun, y compris (et surtout) ceux qui
n’ont pas envie d’être envoyé « ad
patres. » ?
Il est important de respecter le
choix de celui qui préfère quitter ce monde, plutôt que de subir la vie, qui,
pour lui, est insupportable. Il n’est pas humain d’imposer à quelqu’un de se
regarder décliner dans la souffrance la plus totale, sans qu’il n’ait d’espoir
de guérison.
Mais il est important aussi, de
respecter celui qui veut continuer de lutter. Les personnes très
lourdement handicapées qui ont décidé de ne pas capituler et de Vivre
n’ont aucune envie d’être « euthanasiées ».
Un débat engagé dans un climat
passionnel et émotionnel incontrolable, ne risque-t-il pas de condamner ces
derniers à subir « la loi du plus fort » ?
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