La
dépendance est le propre de l’Homme

avec l’aimable autorisation de l’auteur et de Revista La Claur

La dépendance est
individuelle et collective, psychologique ou chimique… Dans tous les cas,
elle est fonction de l’Autre. Si la vie sociale est une "drogue"
depuis le début, vers où allons-nous ?


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Il est illusoire de penser que l’Homme puisse être indépendant : non
seulement il naît avec des besoins, mais en plus, en tant qu’animal social, il
se crée des besoins… Nous nous fabriquons un tissu d’habitudes qui, non
seulement, structurent notre comportement et notre façon de penser, mais
surtout, nous tranquillisent car nous ne les faisons pas dépendre de
nous-mêmes. C’est ainsi que, petit à petit, passant d’un phénomène de mode,
c’est-à-dire d’une imitation dans l’espace, un comportement ludique deviendra
une coutume (soit la répétition de ce comportement dans le temps) et, perdant
son caractère futile, deviendra de plus en plus « addictif ». Un peu comme si,
à la joyeuse insouciance et innocence des premiers temps, faisait place le
besoin de plus en plus accru d’adopter tel type de comportement, non pas pour
ce comportement-même (le plaisir qu’il peut procurer en tant que tel), mais
pour ce qu’il permet d’obtenir de manière dérivée, de façon secondaire : se
fondre dans la masse, passer inaperçu, oublier sa singularité – bref être dans
la norme. De ce point de vue, la notion de dépendance prend une signification
toute particulière qui va bien au-delà de son cantonnement à certaines
substances illicites ou non. Ce dont il s’agit, ici, est d’une certaine façon
de penser, un mode particulier de rapport au monde qui semble se rapprocher de
la formule marxiste : « la religion est l’opium du peuple » mais pas seulement.
Il n’est pas question, ce serait par trop simplificateur, de réduire notre
position à l’idée selon laquelle toute idéologie est une sorte de drogue. Notre
position, ici, est de donner à voir l’interdépendance qui existe entre sujets,
non seulement entre individus, mais également entre groupes d’individus.


La dépendance, c’est les Autres


C’est par l’Autre, qui est tout autre, que nous pouvons parvenir à savoir qui
nous sommes, et nous existons dans cette différence avec l’Autre… Problème !
Si nous nous construisons par rapport à cet Autre, nous participons à sa
construction, donc il n’est pas considéré comme autonome mais entre dans un
rapport avec moi, généralement, de deux manières opposées : soit cet Autre est
considéré comme supérieur à moi et je m’incline devant lui, soit il est regardé
comme inférieur à moi et je lui impose ma loi. La différence est, ainsi, biaisée
et devient rapport de sujétion, rapport de pouvoir, de domination, de force.
Ainsi, l’échange, qui est pourtant notre moyen pour être ce que nous sommes,
n’est ni égal, ni juste. A ce stade il est bon de savoir s’il est souhaitable
de se trouver dans une situation où la société serait pleinement autonome,
trouvant en elle-même sa propre fin, et inévitablement composée d’individus
totalement libres, c’est-à-dire sans aucune aliénation. Cette question utopique
nous renvoie à Protagoras, pour qui l’Homme est la mesure de toute chose. Le
risque de cette situation serait de voir l’hubris humain n’être balancé par
aucune dike, les excès de l’Homme ne seraient limités par aucun droit émanant
de lui (et ne pouvant émaner que de lui puisque l’homme totalement libre ne
pourrait avoir recours à un droit qui lui serait transcendant tel la thémis).
Cela pose toute la problématique du "Comment vivre ensemble"…

Les paradis artificiels, utiles pour rester dans la norme


Dans le cadre social, collectif par définition, si chacun de nous est laissé à
l’expression la plus large de tous les excès de chacun de nous, comment est-il
possible d’organiser une organisation sociale humaine ? Sauf à reprendre la
philosophie de la génération spontanée provenant de l’Illimité que développa
Anaximandre et qui renvoie à une unité primordiale et primitive de laquelle
tout procède – non sans fatalisme. Nous voyons ainsi deux positions : celle
faisant la part belle au fatum, selon laquelle l’homme est le jouet d’un destin
qu’il ne maîtrise pas, celle défendant le libre arbitre, où n’ayant pour seule
limite que celle de penser l’Homme devient un dieu. C’est peut-être pour
éloigner cette double angoisse : de n’être qu’un automate ou d’être égal au
Démiurge, que les paradis artificiels qu’ils soient chimiques, philosophiques,
idéologiques sont nécessaires à tout homme afin qu’il n’ait conscience ni de sa
finitude ni de sa grandeur – et demeure dans la norme.

 

Olivier Massot

Magazine La Clau

http://www.la-clau.net