Des personnes âgées testent la maison du futur


Agnès Leclair – www.lefigaro.fr


Leur appartement a été truffé de capteurs vérifiant leur état de santé, leur mobilité ou leur appétit : à Grenoble, des seniors servent de cobayes aux «gérontechnologies».

Deux
armoires en bois, un coin cuisine bien briqué, quelques broderies
accrochées aux murs… rien ne distingue à première vue le studio de
Mauricette de celui d’une autre personne installée dans une résidence
standard pour personnes âgées. Mais en dépit des apparences, cette
vieille dame de 83 ans vit dans un appartement du futur. Une
installation qui devrait être prochainement modélisée et commercialisée
dans moins de deux ans.

Plus surveillée qu’un repenti mafieux,
Mauricette évolue sous l’œil de sept capteurs à infrarouge. Disséminés
stratégiquement sur le plafond de son appartement, au-dessus de son
lit, dans la cuisine, l’entrée et la salle de bains, ils mesurent son
activité et transmettent des données sur sa mobilité à un laboratoire
de recherche via un ordinateur portable.

Quelques arrêts de tram
plus loin, de l’autre côté du miroir, les chercheurs du laboratoire
TIMC-IMAG de la faculté de médecine de Grenoble étudient les mouvements
de Mauricette. Et tentent d’en tirer un diagnostic sur son état de
santé général. Si ses déplacements se font plus rares, si elle s’agite
pendant la nuit, qu’elle délaisse sa kitchenette, ils pourront conclure
à un problème cardio-vasculaire, à un début d’Alzheimer ou tout
simplement à une baisse d’autonomie.

Une fois par jour,
Mauricette s’astreint également à coiffer un de ses doigts d’un
oxymètre. Ce petit appareil mesure son taux d’oxygène dans le sang, un
bon moyen de détecter des problèmes de cœur ou de poumon. Depuis 2005,
le laboratoire grenoblois teste ainsi sur des aïeuls une série de
dispositifs pour appartements intelligents. Des logements où tout est
organisé pour la surveillance médicale et le maintien à domicile des
personnes âgées dépendantes. Peut-être un début de solution alors que
l’Insee prédit une multiplication par deux des plus de 75 ans à horizon
2040 et que les places dans les hôpitaux et maisons de retraite se font
rares.

«Pour l’instant, les informations que nous récupérons
sont complexes et doivent être corrélées. Il serait difficile de les
envoyer telles quelles au médecin de la personne âgée ou à la famille
qu’il ne faut pas effrayer inutilement. Nous essayons donc de mettre au
point un système qui indique trois états : stable, moyen et en baisse»,
explique Norbert Noury, coinitiateur du projet.

Mauricette,
elle, semble presque indifférente à l’arsenal technologique déployé
chez elle. «Les appareils clignotent parfois, je ne sais même pas
pourquoi», indique l’octogénaire.

suite et source