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Manuels scolaires : «Halde au
sketch» !

Par François Devoucoux du Buysson,
co-fondateur de l’Observatoire du Communautarisme
.

S’il est un domaine dans lequel on ne saurait contester la compétence de la
Halde, c’est bien celui de la communication. A peine sortie, l’étude qu’elle a
commandée sur le contenu des manuels scolaires a été évoquée en boucle dans la
plupart des médias : presse écrite, radio, journaux télévisés… Difficile d’y
échapper.

Devant la pauvreté et le manque de recul de nombreux commentaires
journalistiques, le mieux est souvent d’aller à la source de l’information. Il
s’agit en l’occurrence d’une étude de 207 pages intitulée "Place des
stéréotypes et des discriminations dans les manuels scolaires" et réalisée
par un groupe de chercheurs de l’université de Metz pour la modique somme de
38.000 euros comme on l’apprend sur leur site internet.

La lecture de cette étude est édifiante.

Des présupposés méthodologiques
contestables

Si la première partie du rapport revient sur les fondements juridiques de
la lutte contre les discriminations qui a abouti à la création de la Halde,
elle n’éclaire guère le lecteur sur la confusion introduite par la
superposition du principe d’égalité hérité de la Révolution française depuis la
déclaration des droits de l’homme de 1789 et du principe de non-discrimination
dérivé des normes européennes. Une confusion qui provient notamment de la
conception étroitement identitaire des discriminations concernées (sexe,
origine, sexualité) qui fait l’impasse sur les notions de classe et de fortune
dont on sait pourtant combien elles pèsent sur les situations d’inégalité dans
la société, et particulièrement dans le système scolaire.


D’ailleurs, le « comité de pilotage » de l’étude commandée par la Halde
a limité son champ d’investigation à quelques thèmes à la mode (stéréotypes
fondés sur le genre, l’origine, le handicap, l’orientation sexuelle et l’âge)
sans que ces présupposés soient justifiés de façon sérieuse. On ne saura pas
non plus pourquoi la question des stéréotypes de genre n’est posée que pour les
femmes tandis que celle de l’âge se limite aux seniors.

En ce qui concerne les personnes consultées dans le cadre de la réalisation de
cette étude, on apprend à la lecture du document que des responsables
d’association ont été rangés dans la catégorie des experts de certaines
discriminations et qu’ils ont pu inspirer plusieurs des recommandations
formulées par les chercheurs. En revanche, la question de la légitimité de ces
instances souvent fondées sur une inspiration identitaire, voire
communautariste, n’est même pas posée, ce qui en dit long sur les propres
stéréotypes des auteurs de l’étude à l’égard de la société française.

Une vision idéologique

A la page 132 de l’étude, les auteurs prennent le lecteur à témoin d’un
véritable scandale : un manuel d’ECJS a osé illustrer l’idée de la solidarité
avec le continent africain avec « une photo en plan rapproché de la main
d’un enfant noir dans la paume de celle d’un adulte blanc »
. On lit ainsi
que « cette image a été jugée choquante à plusieurs reprises, notamment dans
le cadre du "focus group" avec les professionnels de l’intégration car elle
renforce le stéréotype du Noir non seulement pauvre, mais aussi malade et
contribue à entretenir le stéréotype du rapport inégalitaire entre Noirs et
Blancs en faisant appel à un registre émotionnellement inutile »
. Quelle
horreur, en effet !


S’appuyant sur un commentaire selon lequel « dans les manuels de géographie,
les chapitres sur l’Afrique et le Maghreb montrent trop souvent la pauvreté
avec des photos d’enfants de rue, ou de paysans traditionnels, mais on ne parle
pas assez du dynamisme de ces pays, de la modernité que l’on trouve »
(on
se demande bien pourquoi…), l’étude s’insurge contre l’association entre
l’Afrique et la pauvreté qui est pourtant une donnée objective fondée sur des
faits et des chiffres.


De même, page 130, on lit une vive critique du choix d’un manuel
d’histoire-géographie de mettre en balance une photo de la mosquée d’Omar à
Jérusalem et la cathédrale de Chartres au motif que « le choix d’illustrer
l’islam à partir d’une mosquée située hors du territoire national contribue à
renforcer, dans le contexte du document, le stéréotype selon lequel l’islam est
une religion étrangère à la France »
. Et si ces illustrations manifestaient
simplement le fait incontestable que l’art islamique a connu son apogée au
Proche-Orient tandis que le christianisme rayonnait en Europe ? Si la Halde
suit son étude à la lettre, Clovis et Charles Martel ne devraient pas tarder à
être expulsés des manuels d’histoire…

Des commentaires risibles

Rions un peu…

Page 85, l’étude s’étonne de la façon la plus sérieuse qu’ « aucun des
359 exercices de mathématiques (analysés) ne mentionne l’homosexualité ou le
handicap »
. C’est en effet surprenant et sans doute scandaleux ! On
pourrait tout à fait imaginer des problèmes de calcul ainsi libellés :« deux
homosexuels font leur marché ; sachant que le kilo de tomate coûte trois euros,
combien devront-ils donner de pièces de 1 euro au fils handicapé de la
marchande des quatre saisons pour acheter deux kilos ?»
.


La bête immonde de la discrimination « hétérosexiste » se cache aussi
insidieusement dans les manuels de SVT qui n’envisagent les comportements
sexuels des animaux que sous un angle hétérosexuel :
« Les relations homosexuelles ne sont guère plus évoquées dans le cadre de
la sexualité des animaux comme l’attestent les extraits issus de différents
manuels : "le rat est attiré par la rate en chaleur" (SVT section Terminale S,
édition Bordas) ; "les grillons mâles attirent leurs femelles par leur chant"
"les mammifères femelles en période ovulatoire recherchent et acceptent les
mâles" (SVT 4e éditions Nathan, 2007). Ces ouvrages font bien référence aux
comportements sexuels des animaux, mais l’attirance pour le sexe opposé est
l’unique conduite envisagée. »


Voilà qui est fâcheux, mais pas tant que l’odieuse discrimination selon
laquelle « les seniors sont peu représentés dans les manuels de
mathématiques »
(page 177). Pire, « un livre de 6ème voulant illustrer
le conte Hansel et Gretel montre un senior dans le rôle de la sorcière »
!
Heureusement, il arrive que des seniors soient présentés sous un jour flatteur,
comme le souligne l’étude à la page 178 : « Ensuite nous observons les
activités syndicales, politiques : des seniors s’adressant à la foule,
revendiquant une situation. Il s’agit d’ailleurs en général de personnes
historiques célèbres, comme Jean Jaurès, où le senior détient la bonne parole,
celle qui va révolutionner la situation. Ici, le senior, après avoir fait
l’expérience de problèmes générés par diverses situations, propose des
solutions (histoire 4ème Hatier par exemple). »
Heureusement que Jean
Jaurès est là pour représenter les seniors…


Mais cela ne doit pas faire oublier que de misérables poètes du XVIème siècle
contribuent à stigmatiser les seniors : « Nous n’avons pas eu la
possibilité, faute de temps, d’étudier les textes des manuels. En effet,
certains textes pourraient contenir des stéréotypes. Par exemple, en français,
le poème de Ronsard  »Mignonne allons voir si la rose… » est étudié par tous
les élèves. Toutefois, ce texte véhicule une image somme toute très négative
des seniors. Il serait intéressant de pouvoir mesurer combien de textes
proposés aux élèves présentent ce type de stéréotypes, et chercher d’autres
textes présentant une image plus positive des seniors pour contrebalancer ces
stéréotypes. »
. Un poème sur la fuite du temps, c’est en effet attentatoire
à la dignité des seniors…

Des recommandations qui font froid
dans le dos

Il faut espérer que les observations plus délirantes les unes que les
autres qui fourmillent dans cette étude suffiront à lui ôter toute crédibilité
et que ses recommandations rejoindront vite le cimetière des rapports inutiles
et des analyses sans suite.


On échappera ainsi à la recommandation « d’employer simultanément de façon
systématique les deux genres pour évoquer une situation, tout particulièrement
lorsqu’il s’agit des métiers ou des activités sportives, des positions sociales
ou politiques (dont on a vu qu’elles constituent les domaines les plus sexués)
; à titre d’exemple : le/la gynécologue, le/la préfet-te, le/la professeur-e
d’EPS, l’auteur-e, le/la psychologue, le/la cycliste, etc. qui avaient cours de
manière très ordinaire au Moyen Âge (miresses, botanistes, prudesfemmes,
bouchères, maréchales-ferrantes, etc.) »
. Poussera-t-on l’audace jusqu’à
réhabiliter l’usage du terme damoiseau ?

Pour remédier à qu’elle appelle des ouvrages « idéologiquement marqués »,
l’étude propose de donner un rôle aux associations dans l’évaluation des
programmes (p. 39). Il s’agit d’ « envisager la constitution d’une instance
collective chargée d’assurer un suivi des contenus des manuels relativement à
la lutte contre les discriminations serait une piste à explorer ; cet organe
reflèterait les différentes institutions concernées par la question et
assurerait un contrôle du contenu des manuels relativement aux principes
d’égalité et de non-discrimination »
. Faut-il s’en étonner quand on lit un
peu plus loin, page 67, que les chercheurs mandatés par la Halde ont mené des «
entretiens avec des spécialistes des différents critères en vue d’établir des
listes de préconisations »
et interviewé « des membres d’organismes
spécialisés dans la prévention et l’aide aux personnes victimes de stéréotypes
et de discriminations afin de recueillir leur opinion quant à la représentation
des groupes discriminés dans les ouvrages ainsi qu’à propos de la manière dont
ils souhaiteraient voir apparaître ces personnes »
.

L’étude commandée par la Halde se clôt sur une préconisation qui fait froid
dans le dos:


« Il paraît donc nécessaire de créer une instance chargée de l’observation
des manuels scolaires. Composée de divers spécialistes – et à ce titre les
personnels de la Halde pourraient éventuellement y trouver leur place – le
"comité de vigilance" serait un compromis acceptable entre le respect de la
liberté d’édition et le besoin d’évaluation »
. Pas besoin d’être grand
clair que ce « compromis acceptable » ne tardera pas à faire primer le «besoin
d’évaluation »
sur la « liberté d’édition ». Pour ceux qui auraient
la naïveté d’en douter, la dernière phrase du rapport lève toute ambigüité : «
Le "comité de vigilance" pourrait également être saisi par la société civile et
serait chargé d’étudier des cas litigieux en terme de non respect de la
diversité »
.