Fin de vie : reconquérir le territoire de la dignité

par Yann Reboulleau,

Près
de dix ans après le vote, en juin 1999, de la première loi permettant
le développement significatif des soins palliatifs, l’Assemblée
Nationale vient d’adopter une proposition de loi tendant à créer une
« allocation d’accompagnement de fin de vie ». Le régime envisagé vient
en fait compléter un dispositif déjà existant, prévu par le code du
travail, le congé de solidarité familiale, mais comporte l’immense
mérite de mettre un terme à la dimension sacrificielle que devait
endosser le bénéficiaire de ce dispositif, en devant renoncer à tout
revenu pendant la période consacrée à l’accompagnement d’un proche dans
ses derniers instants.

Ne pas réduire la mort à son environnement médical

On
pourra, certains ne s’en sont pas privés, minimiser la belle unanimité
qui s’est organisée sur les bancs du Palais Bourbon en regrettant que
la durée d’indemnisation envisagée ne soit pas plus longue, ou que le
montant promis pour l’indemnité journalière reste faible. Mais après
une décennie où les aspects médicaux ont seuls fait l’objet de toutes
les attentions, il faut se féliciter que le législateur se décide de
nouveau à explorer s’agissant du sujet de la fin de la vie autre chose
que les pages du code de la santé publique. Le développement des soins
palliatifs, certes encore inachevé, a permis que la douleur ne soit
plus l’unique compagne de la mort. Elle ne devait pas demeurer
remplacée, dans ce rôle, par la seule technique médicale, aussi
enveloppée de psychologie et d’humanisme soit-elle.

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