Communiqué de l’A.S.A.P.A.R.

Madame Valérie LETARD, secrétaire d’Etat chargée de la Solidarité, auprès du ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Vill

Objet : « A quoi servent les vieux ?» (Colloque à Rennes des 20,21 et 22 mars)

Madame la Ministre,

Nous nous permettons de vous rappeler notre courrier précédent du 18.03.09 dans lequel nous protestions contre l’intitulé du débat tenu à Rennes les 20, 21 et 22 mars à savoir « à quoi servent les vieux ? ».

Nous vous écrivions notamment : « …. Madame la Ministre, vous l’avez compris, il nous paraît intolérable que l’on s’interroge dans une société prétendue moderne, équilibrée et apaisée, sur la place des personnes âgées en les renvoyant dans un rôle de référence strictement productif, car « d’usage » et ou « d’utilité ».

Et en conclusion, nous vous demandions de ne pas participer à ce colloque si odieusement intitulé « à quoi servent les vieux ?» sauf à ce que ce titre soit modifié.

Vos services nous ont fait parvenir un résumé de votre intervention telle que notée par le Journal Libération.

Nous notons que vous avez su réaxer le débat en déclarant notamment : « La question n’est pas de savoir à quoi ils (ndlr, les vieux) servent mais plutôt de savoir comment et pourquoi nous devons les servir ».

L’A.S.A.P.A.R. vous remercie pour avoir ainsi redonné un sens acceptable aux débats de ce colloque.

Il n’empêche, Madame la Ministre, que nous restons infiniment déçus parce que justement nous nous faisons une idée précise de la haute fonction qu’est la vôtre et qu’il nous semble que la République, donc le Gouvernement aurait pu nous suivre en vous recommandant de ne pas cautionner un débat si odieusement intitulé.

Même pris au second degré, un tel titre nous paraît inacceptable.

Pis, dans le contexte de crise que l’on connaît, qui n’est pas contrairement à ce que l’on répète urbi et orbi, une crise économico-financière mais une crise de civilisation, donc de société, débattre publiquement de l’usage des vieux nous paraît  pouvoir embrayer, demain, sur la désignation de boucs émissaires représentés par les personnes âgées et les retraités.

C’est quand une société est en difficulté qu’il convient d’être plus que jamais vigilent ; les exemples passés dans cette seconde moitié du XXème siècle nous ont montré combien la vindicte populaire, non contenue car non responsabilisée par les gouvernements, pouvait déboucher sur de graves discriminations : hier au nom d’ethnies, demain au nom de l’âge perçu en terme de productivité et pourquoi après demain au nom de religions différentes. Vous pourrez probablement noter que l’histoire se répète puisqu’à notre connaissance, rares ont été les traditionnelles associations de retraités à protester contre l’odieux intitulé de ce colloque* tout comme hier les victimes courbaient le dos devant la montée en puissance des discriminations. Qu’avons-nous oublié André Gide : « quand je cesserai de m’indigner, je serai vieux » !. Ainsi, sur le plan démographique, il y a les vieux, que l’on connaissait déjà, auxquels il conviendrait d’ajouter sans doute et quel que soit leur âge les citoyens passifs car n’ont pas protesté.

Nous avons adressé, Madame la Ministre, à tous nos correspondants, le contenu de votre intervention à Rennes tel que présenté par Libération, dito nous pratiquons pour la ventilation de ce courrier.

Nous vous assurons, Madame la Ministre, de nos sentiments respectueux.

Dr Guy Pétin, Président de l’A.S.A.PA.R., le 28.04.09     

*Sauf Jean-Pierre BUSNEL, Président de l’I.A.B., humaniste toujours vigilant et sensible en ce domaine social et M. Pierre BOISSIERE, Président de l’Association Solidarité-Dépendance Millau-Fenaille qui a répercuté notre protestation au niveau de nombreux élus

Copie à Brice HORTEFEUX, Ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville