86% pour l’euthanasie

Tel est le taux de réponse positive à la question posée par l’institut BVA par téléphone du 28 au 29 avril 2009 auprès d’un échantillon de 1012 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.

Ce sondage a été commandité par l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité). La question posée était :

Vous, personnellement, seriez-vous favorable ou opposé à ce que l’euthanasie soit dans certains cas autorisée en France, lorsqu’une personne atteinte d’une maladie incurable en phase terminale la réclame ?

Seulement 9% des personnes interrogées ont répondu par la négative et 5% ne se sont pas prononcé. Jean-Luc Romero, le Président de l’ADMD a justement souligné que ce résultat est obtenu en dehors de toute période de fièvre médiatique sur le sujet, comme celle du printemps 2008 lors du drame de Chantal Sébire.

Dans toutes les analyses par sous catégories de l’échantillon interrogé, la réponse est très majoritairement oui. La réponse positive la plus faible est celle de nos concitoyens qui déclarent une pratique religieuse régulière, que ce soit catholique (62% favorables à l’euthanasie), ou autres (Protestants, juifs ou musulmans, 68% favorables). C’est le seul écart réellement significatif, qui était prévisible, les personnes se déclarant catholiques sans pratique régulière donnant la même réponse que l’échantillon global, résultat également cohérent avec la sociologie française.

La réponse positive diminue légèrement avec l’âge, les retraités et les plus de 65 ans étant cependant à plus de 80% favorables à l’euthanasie.

Il en est de même avec les préférences politiques, 86% des sympathisants UMP  et 89% des sympathisants PS étant favorables à l’euthanasie! Voilà un résultat qui devrait entraîner une large majorité parlementaire à faire évoluer la loi Leonetti dans un sens favorable à la légalisation de l’euthanasie.

Les résultats de ce dernier sondage vont faire resurgir des accusations de manipulation populiste de l’opinion publque. Toute polémique sur ce plan est stérile et je préfère répondre par une longue citation d’un philosophe français, Robert Misrahi, grand spécialiste de Spinoza, professeur émérite de philosophie éthique à l’Université de Paris I (Sorbonne) :

« Parce que le malade est un corps-sujet sans transcendance, en même temps qu’un sujet libre et autonome, c’est à lui et à lui seul qu’il appartient de décider s’il préfère la souffrance extrême, pas même forcément accompagnée d’un mince espoir de rémission, ou la mort consciente et assistée…C’est celui-ci qui est le sujet, c’est-à-dire le centre et le porteur de sa souffrance, de sa maladie et de sa « Mort ». Lui seul doit donc décider dans ce présent absolu qu’est le temps de la maladie.

Il faut donc prendre très au sérieux le droit du malade au bien-être existentiel, c’est-à-dire à la sérénité et à la satisfaction patiente dans l’attente d’un avenir de plénitude existentielle. Ce droit implique qu’on mène avec lui une lutte sans ambiguïté contre la souffrance, et qu’on adopte une attitude intellectuellement ferme quant à l’entière liberté du sujet face à sa propre souffrance et à sa propre vie. »

« Le Philosophe, le Patient et le Soignant » Les empêcheurs de penser en rond 2006, pages 122 et 123

source :
http://www.mediapart.fr/club/blog/daniel-carre