Texte de Pierre CARO

Cette journée du 29 avril, pour mon coin, n’a pas eu beaucoup d’écho…

Quelles solidarités préparer ?

Je crois la solidarité du moment et de l’avenir car ce que nous construisons aujourd’hui, devrait (?) laisser quelques "enseignements" aux générations prochaines.

Tout comme nous avons "bénéficié" des réflexions et actes de nos anciens. Comme vous l’expliquez.

Cependant, je pense que, comme dans beaucoup de domaines, nous devrions nous intéresser davantage à la "prévention". En l’occurrence, par exemple, à l’origine de la vie dans la famille, partager les repas (préparer – garçons et filles, mères et pères – mettre le couvert, débarrasser la table, faire la vaisselle…) et les quelques tâches du foyer.

Ce n’est pas lorsque nos enfants se mettent en ménage que l’on doit les "informer" de cette "solidarité" nécessaire pour vivre ensemble.

Réflexion de la vieille génération.

Respects et amitiés à vous.

Pierre Caro

Échange avec Madame Anne Sophie Parent, director AGE

A Madame Anne Sophie Parent, Directeur AGE

J´ai lu avec intérêt « Plaidoyer pour une plus grande solidarité entre les générations »  Répondre au défi du vieillissement de la société européenne.

 

Je consacre ma retraite, depuis douze ans, et après quarante années d´activités professionnelles diverses, à une recherche sur « la retraite et le vieillissement »

J´ai commencé par quatre années à l´université.

Voici quelques unes de mes réflexions, après lecture, si vous les acceptez.

Pourquoi a-t-on besoin d´une société fondée sur une plus grande solidarité entre les générations ?

J´écrirais plutôt : une plus grande solidarité entre les générations est un besoin pour la société, car celle-ci sera ce que nous déciderons d´en faire.

S´il y a une solidarité, nous sommes les acteurs et nous disposons d´une multitude de formes pour la réaliser.

C´est sans doute là où nous pêchons par manque d´initiative, manque de bon sens, manque de courage devant ce que nous, retraités d´aujourd´hui, avons fait de cette société pour les générations prochaines.

Ce n´est peut être pas tant l´organisation de la société qu´il faut revoir (nous ne faisons que cela à chaque changement de ministre, presque) mais de faire le point de ce qui nous intéresse vraiment, de ce qui nous motive, de ce qui nous rend « amoureux » de la vie, du « vivre ensemble »…, c´est à dire : « un vrai projet de vie personnel et collectif »

Rechercher vraiment (page 5) « … que chacun trouve la place qui lui revient et puisse s´épanouir et apporter sa contribution au bien-être général dans la mesure de ses moyens »

C´est ce que je travaille en développant quatre éléments : 1- comprendre sa santé, 2- apprendre aujourd´hui, 3- élaborer un réel projet de vie pour les vingt, trente ans et plus qui nous sont offerts en situation de retraite, 4- entreprendre son vieillissement.

Pour la solidarité comme dans bien d´autres domaines, la prévention est essentielle et elle passe par l´éducation et la formation de nos plus jeunes, afin de leur offrir à tous, les outils premiers pour un « apprentissage tout au long de la vie »

Dans l´énumération que vous faites (fin page 5), après l´éducation première et la formation professionnelle (quelles qu´elles soient), c´est le mieux vivre l´entreprise qui devrait être mieux travaillé (j´ai été patron). Chacun peut imaginer le handicap d´entrer en situation de retraite puis, peut-être, en vieillissement, après des années de galères, (autant aujourd´hui par mauvaises conditions d´emploi, que par manque d´emploi) ?

Cette situation est 90% des raisons de mes craintes (pour un avenir de bien vivre) et une grande part des réflexions et actions que je souhaite mener afin de préparer un « bien vieillir » le plus long possible. J´entends par bien vieillir, de conserver, voire développer, nos capacités mentales, physiques, et intellectuelles permettant l´indépendance, l´autonomie et les relations aux autres. C´est ainsi que nous demeurerons une source d´espoir et de possible bonheur pour le plus grand nombre.

Je mettrais un bémol sur la pyramide des âges, car celle-ci, pour le Monde, ne change pas beaucoup sauf en hauteur. En 2006 nous étions 28,3% de moins de 15 ans ; 10,3% plus de 60 ans ; l´âge médian 28 ans. La pyramide mondiale en 2100 auraient pratiquement ses cotés parallèles entre 0-5 et  50-55 ans. (Jacques Vallin INED 2006)  Les effets des diverses migrations (pour des raisons climatiques), sont encore imprécises.

Pourquoi cela pose problème ?

Je trouve que vous allez un peu vite, même si nous en restons en France, en Europe.

« … il y aura de moins en moins d´actifs… » et plusieurs raisons sont connues :

1- les travailleurs qui ne se plaisent pas au travail souhaiteront le quitter le plus rapidement possible pour le droit à la retraite ;

2 – les hommes ont développé le progrès qui a mis en marche la mécanisation des tâches de production, de service et de commerce. La productivité est de plus en plus grande. Les emplois sont moins nombreux alors que les productions plus grandes.

3 – le progrès a supprimé tous les « petits métiers » appris, pour la plupart au travail, et qui permettaient à certains jeunes de se spécialiser durant les années d´exercices professionnels. Le petit commerce et l´artisanat ont fait naître davantage de patrons (réels) d´entreprise, que ne le font les établissements secondaires et supérieurs aujourd´hui. Les patrons, « amoureux » de leur profession comme de leur entreprise, demeurent actifs parfois bien au-delà de 60 ans, en entraînant leurs salariés.

Le « travail » demeure, pour le moment, un lien de socialisation, un lien de relations entre génération. C´est donc, me semble t-il, la conception et l´organisation du travail qu´il faut repenser en ôtant l´idée : « outil de torture ».

J´ai eu la chance, mais j´ai pu aussi m´en donner les moyens, de n´exercer que des emplois pour lesquels je me suis passionné.

J´ai « pris » ma retraite après avoir cotisé 40 années, j´aurais pu continuer, j´ai cessé mes activités pour un nouveau projet de vie.

Mes proches me voient « travailler » au même rythme, et toujours avec la même passion.
Je viens d´annoncer que j´entreprenais ma deuxième partie de « carrière professionnelle de retraité », entre 70 et 80 ans, de 2009 et 2019, en me donnant la qualification de : « chercheur autodidacte : retraite et vieillissement »

Il me semble qu´une grande part de la réponse au problème que vous posez peut se trouver par le développement de l´initiative personnelle, la possibilité de s´épanouir dans l´ambiance et la réalisation d´un travail choisi, pour un temps choisi, dans l´encouragement à la création de l´entreprise personnelle et collective des jeunes retraités. Ce sont des conditions favorables aux liens entre les générations.

Il faudrait les amener à être pilotes d´expériences vers de nouveaux métiers, car eux peuvent initialiser même avec le risque de l´échec sans que cela nuise à leur carrière.

Le problème des personnes vivant seules, ne va plus être celui du décès plus jeune des hommes par rapport aux femmes. L´écart diminue chaque année. C´est l´exemple type de dépense d´énergie qui « résoudra » un problème qui tant à disparaître de lui-même. D´ici à deux ou trois décennies il n´existera sans doute plus, mais il risque de réapparaître… inversé. Sera t-il du même ordre d´état d´esprit ?

Les électeurs de plus de 50 ans… et le déséquilibre possible dans la représentation des intérêts… .

C´est, effectivement, un vrai risque. Et ce risque prend naissance avec d´autant plus d´impact que les repas familiaux ne se vivront plus, ne participeront plus (par exemple) comme des temps d´apprentissages premiers de la solidarité, par le partage des tâches et l´exercice de la responsabilité : mettre et ôter les couverts, partager repas et conversation, servir les autres, nettoyer la table et la pièce à manger… .

Nous devons être plus attentifs aux relations familiales, d´autant que les « nouvelles formes de famille » risquent de poser problème à certains, durant quelques décennies encore.

Le déséquilibre possible, dû au nombre de personnes plus âgées, n´est pas avéré car les jeunes retraités ont, de plus en plus, conscience qu´ils sont amenés à vivre entre leurs parents et parfois grands-parents, leurs enfants, petits-enfants et parfois arrière-petits-enfants. Qu´en conséquence, leurs intérêts, face aux différents groupes d´âge, les engagent à davantage de partage des conditions de vie : parents et enfants commencent à se retrouver en maison de retraite ; enfants, petits-enfants voire arrière-petits-enfants peuvent connaître le chômage… ensemble. Ce n´est pas rien.

Les politiques d´urbanisme. 

J´ai la chance d´habiter la région nantaise et Nantes, et je me considère privilégié pour une grande partie des aménagements dont vous faites état.

La seule remarque c´est là encore, l´expression de la volonté de chaque citoyen à respecter l´autre dans l´usage de la rue et de la route par exemple.

Mais, de nouveau, je me permets d´insister sur le fait que les plus ingénieux aménagements ne feront pas la ville, ou la commune, plus solidaire. Ce sont les citoyens eux-mêmes, qui en décideront

Ce qui m´inquiète un peu et découle de mes recherches, c´est le fait que créer des zones, mener des actions géographiquement ou structurellement limitées, soient à l´origine de ghettos (vous mentionnez ce risque). Les exemples que vous rapportez, sont encourageants et à multiplier.

Nous avons la fâcheuse habitude, en France, de créer en ajoutant. Et je regrette que le nombre d´associations et d´initiatives en tout genre, ne soient pas toujours en rapport avec des améliorations au vivre mieux entre génération, ces dernières décennies (me semble t-il)

Le logement.

1 – J´ai pu remarquer que la peur peut être la vraie responsable des hésitations de partage en solidarité par les aînés.

2 – Nous devons être attentifs à ce que les architectes construisent, à partir d´aujourd´hui et pour 2050 – 2100, même et surtout si ce sont des bâtiments de bas prix. Sans quoi nos enfants en souffriront.

La mobilité et les transports

C´est, après les relations de travail, le problème entre génération surtout au moment où les retraités « nouveaux » (ceux des dernières décennies) ont pris davantage d´aisances avec leurs déplacements. Nos parents étaient moins nombreux à posséder une voiture par exemple.

Je travaille sur l´idée que la voiture ne soit plus être un « engin » personnel, ce qui « oblige » à en faire usage puisque nous l´avons « payée ». Si nous pouvons la rendre davantage « collective » suivant le moment et le besoin, les personnes vieillissantes s´en sépareront plus facilement pour faire usage des transports en commun, à conditions qu´ils soient accessibles et praticables. Je suis attaché à la Préfecture de Loire Atlantique, pour l´instruction de la sécurité routière. Les personnes, malgré la perte, en partie, de certaines de leurs capacités motrices ont des difficultés à ne plus utiliser leur voiture. Les transports gratuits ne sont pas trop déterminants dans le milieu rural.

Politique familiale

Les aînés ont un rôle essentiel.

Grands-parents biologiques ou par relations (certains des amis de mes petits-enfants me considèrent aussi comme leur grand-père), nous nous devons de demeurer « attractifs » par les réflexions et les actions que nous menons. Attractifs car nous sommes en concurrence avec les environnements d´aujourd´hui : les musiques, les sports de risques, les jeux électroniques en grand nombre, les bars de nuit, les divers engins de transport…, la liste est longue. La concurrence est vive aussi vis à vis des copains et copines… . La « concurrence » est très dangereuse dans les situations de l´emploi. La situation d´un ou de plusieurs membres de la famille sans emploi crée des relations parfois très difficiles.

J´ai adhéré plusieurs années avec Marie Françoise Fusch qui a créé l´Ecole des Grands-parents.

Il est important que nous « pensions » aussi la situation des arrière-grands-parents. Je le suis et j´essaie de reconduire les relations que j´ai avec les petits-enfants. C´est encore un état de situation de plus en plus courant. J´espère pouvoir encore discuter avec mes arrière-petits-enfants lorsqu´ils auront 20 ans… je n´en aurais que 88 ! ! ! 

La prise en charge des personnes dépendantes

De mes travaux je n´extrais qu´une réponse : mettre en œuvre les formations de vrais professionnels d´accompagnement et les reconnaître équitablement dans leur fonction humaine et sociale.

Il faut que ces professions soient évolutives et permettent le développement personnel et collectif tout au long de la carrière.

Dans ce domaine, dans d´autres de plus en plus, je suis réservé sur les actions bénévoles. On ne peut pas « exiger » d´un bénévole qu´il assume les responsabilités du professionnel qui manque. Et, pour ces situations de handicaps, les professionnels sont tout de même préférables. De nouvelles professions sont à penser. Le bénévolat à besoin d´être revisité dans ses rôles et places. (Je suis à disposition pour reprendre ce thème)

Je reconnais et je suis, les actions menées au niveau européen.

Une vie décente à tout âge.

C´est, vous l´écrivez bien, un sujet de préoccupation essentiel.

Mais, dans mon travail, je ne suis pas certain que les problèmes financiers soient les plus graves. J´ai davantage de craintes et je me fais du souci pour le nombre croissant de personnes qui manquent de  « projet de vie » d´envie de vivre longtemps « avec et dans » la société.

C´est là un point sur lequel je concentre une grande part de mon travail. Je considère un temps d´apprentissage à la vie en situation de retraite nécessaire, indispensable. Ce temps doit commencer dans l´entreprise et se continuer si nécessaire jusqu´à l´élaboration d´un réel projet pour les vingt, trente ans et plus en situation de retraite.

Compte tenu des différences imprévisibles qui se sont créées entre les années 1970 et 2010 (presque) nous avons le devoir de penser le droit à la retraite autrement. Rien n´est comparable ou presque, sauf le « vivre ensemble ».

C´est une des premières questions abordées dans mon travail : ce qui a changé ? ce qui nous change ? ce que nous devons changer ?

Plusieurs de mes interventions sont sur le site Agora Vox, sous mon nom, ou sous la Fondation FPH, pour ne pas vous prendre davantage de temps.

 Madame je vous prie d´excuser ce long texte.

S´il peut permettre l´échange, j´en serai très heureux

Très respectueusement à vous

Pierre Caro

chercheur autodidacte : retraite et vieillissement

44530 Saint Gildas des Bois

France

  

Cher Monsieur,

Un grand merci pour votre message qui montre que vous avez lu toute notre brochure avec attention. Ca nous est très utile de recevoir les réactions de gens intéressés par le sujet. Les prises de position mentionnées dans la brochure sont inspirées des réactions de nos membres collectées au cours de nos réunions de travail et des réunions du Cercle intergénérationnel de la Fondation Roi Baudouin auquel j´ai participé. Nous ne prétendons pas avoir « la solution » ni même présenter les problèmes de façon exhaustive. C´est pourquoi il est intéressant pour nous de recevoir des points de vue nouveaux.  Je vous félicite pour votre engagement et ne peux que vous encourager à rester en contact puisqu´il ne s´agit que de la première journée européenne et que nous espérons bien qu´il y en aura de nombreuses autres et surtout de nombreuses occasions de discuter entre personnes d´âges différents de ce qu´il faut faire pour favoriser une plus solidarité entre les générations.

Pourriez-vous me dire par quel biais vous avez reçu notre document ?  Etes-vous membre de l´une des organisations françaises membres de AGE ? Ca m´intéresserait de savoir comment l´information que nous publions circule puisque manifestement elle atteint les bonnes personnes.

A bientôt j´espère et surtout n´hésitez pas à nous envoyer des infos sur ce que vous faites dans ce domaine ;

Bien à vous

Anne-Sophie

Anne-Sophie Parent

Director
AGE – the European Older People’s Platform


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Tel. +32.2.280.14.70

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AGE – the European Older People’s Platform is a European network of organisations of people aged 50+ and represents over 25 million older people in Europe. AGE aims to voice and promote the interests of the 150 million inhabitants aged 50+ in the European Union and to raise awareness of the issues that concern them most.