« Etre en vie, c’est avoir envie » : quelle citoyenneté en maison de repos ?

petite précision : « maison de repos » signifie « maison de retraite » en Belgique

« Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? »… Bien souvent, la question nous trotte dans la tête avec délectation, bulle d’oxygène au beau milieu d’une réunion interminable ou dans un métro bondé. Rien qu’à l’idée, on en salive… Une fois en maison de repos, doit-on faire une croix sur ces petits plaisirs du quotidien ? Ce soir, c’est soupe aux poireaux et tartines de jambon blanc pour toute la compagnie ? Et choisir ses vêtements selon son humeur du jour, on oublie ? « De toute façon, à cet âge-là, on n’a plus le goût à rien », rétorqueront certains… Le 15 septembre 2009, un colloque intitulé « Vivre et créer la vie ensemble : des pistes pour une vie participative en Maison de Repos (MR) et en Maison de Repos et de Soins (MRS) » (1), a déconstruit cette vision stéréotypée, souvent tenace. Et nous a livré un nouveau visage de la maison de repos et de ses résidants, expériences à l’appui. Vers une plus grande citoyenneté de la personne âgée, non sans embûches.

La participation, à toutes les sauces…

« Pour nos résidants, c’est vrai que le goût diminue. Mais ce n’est certainement pas une raison pour leur donner des tartines à tous les repas », s’exclame Patricia Moxhet, directrice de la maison de repos Sainte-Famille (CPAS), située dans la région de Herve. Pour elle, l’attention portée aux repas touche à des horizons multiples : l’histoire de vie du résidant, l’intégration de sa famille, l’esprit de convivialité et d’échanges… En un mot, la capacité à participer au quotidien. « Lors du conseil des résidants, le repas était toujours au centre des discussions », se rappelle-t-elle. A partir de ce constat, la commission des menus est née ! Elle se compose d’une dizaine de résidants, d’un ergothérapeute, du chef de cuisine et de ses stagiaires, de l’infirmière chef. Dans la salle à manger, un petit verre d’accueil invite chacun à prendre place, en toute décontraction. « Il n’est d’ailleurs pas rare que certains membres de la famille accompagnent », raconte Patricia Moxhet, « plutôt que de rester dans une petite chambre, sans avoir grand chose à se raconter ».

Tout d’abord, on procède au rappel des menus de la semaine, chacun donne son avis. Ensuite vient la suggestion des repas. Auquel s’ajoute un regard diététique… « Pour veiller à l’équilibre du menu et ne pas se retrouver avec des viandes panées et des frites sans légumes à chaque service ! »… Enfin, on rappelle les informations essentielles de la semaine : nouveaux résidants, etc. Voilà pour la structuration des échanges. Au départ, le projet n’a l’air de rien. Il n’exige ni de grand investissement matériel ni de changement radical de fonctionnement. Et pourtant. Dans cet ancien couvent, la convivialité se respire et se répand avec bonheur… Et cette commission y va joyeusement de son grain de sel…

Par exemple, la simple idée d’un repas-raclettes fait appel aux familles pour rassembler les appareils, invite le personnel à manger avec les résidants pour éviter les brûlures. Et le quotidien est agréablement bousculé, les échanges se créent naturellement autour de l’événement. Autre exemple : une résidante propose sa recette de boulet liégeois… et se retrouve aux commandes en cuisine ! Certains aident parfois à la découpe des potirons, de la rhubarbe,…

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