Fin
de vie : l’affaire de Bayonne a relancé le débat


Marie de
Hennezel : "Euthanasie : ne cédons pas à l’émotion"


Auteur : Fabrice
Madouas

Source : http://www.valeursactuelles.com

Membre du comité de pilotage
de l’Observatoire national de la fin de vie et  psychologue
clinicienne, Marie de Hennezel a travaillé pendant dix ans dans la
première unité de soins palliatifs créée en France, en 1987.
Auteur de rapports officiels sur la fin de vie, elle a aussi écrit
de nombreux livres, dont la
Mort intime
, préfacée par
François Mitterrand. Elle répond à nos questions après la mise en
examen d’un médecin urgentiste, à Bayonne, pour empoisonnement
sur des personnes particulièrement vulnérables.

Le débat sur l’euthanasie a
repris avec l’affaire de Bayonne. Qu’en pensez-vous ?
Je suis
très surprise que les partisans de l’euthanasie se soient saisis
de cette affaire pour reprendre l’offensive. Sans préjuger des
résultats de l’enquête, les victimes étaient des personnes
âgées, accueillies aux urgences, et dont aucune n’avait
apparemment demandé à mourir… Si nous autorisions de telles
pratiques, le risque serait grand que des milliers de personnes âgées
subissent le même sort. Cette sombre affaire prouve qu’il faut
maintenir l’interdit. La loi ne doit reconnaître à personne le
droit d’administrer la mort.

Les Français paraissent pourtant
favorables à l’euthanasie, selon les sondages…
Ces sondages
sont commandés dans un contexte d’émotion qui ne favorise pas une
réflexion sereine. Il y a tant de confusion sur les termes et sur
les pratiques qu’il faut se garder d’en tirer des conclusions
définitives.

Ceux qui se disent favorables à
l’euthanasie se prononcent surtout contre l’acharnement
thérapeutique, pour une "mort douce", en clair pour une fin de
vie apaisée et sans souffrance. C’est justement pour répondre à
cette attente que le Parlement a voté, en 2005, la loi sur la fin de
vie. Il suffit de l’appliquer. Les soignants – qu’on n’écoute
pas assez – ne réclament pas le droit d’administrer la mort.
Beaucoup me disent que la loi les satisfait. Malheureusement, bon
nombre de Français continuent d’en ignorer les termes. Les
résultats des sondages seraient très différents s’ils la
connaissaient mieux.

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