Financement de la perte d’autonomie : reporter n’est pas jouer !


de Serge Guérin, le 5 septembre 2011






Mes hommages et bonjour,





Pour 2011, le gouvernement avait mis en tête de son agenda la réforme
de la « dépendance ». François Fillon vient d’annoncer qu’il faudrait
encore attendre… Après tout c’est un sujet dont on parle seulement
depuis 1962.





Le terrain avait été préparé sur un modèle de storytelling devenu
classique : dramatisation du risque de « tsunami gériatrique », à partir
de rapports parlementaires, lancement de pistes pour tester le corps
social puis phase de concertation (pour une fois, notons-le, longue et
utile avec des débats décentralisés et des groupes de travail plutôt
sérieux), menée par Roselyne Bachelot. Si, à l’origine, l’élargissement 
de la protection sociale (la création d’une cinquième branche de
couverture des risques) était évoqué, la majorité semblait s’orienter
vers une privatisation et une individualisation via un système
d’assurance facultative ou obligatoire et le recours sur succession.

Pour raison garder…

Rappelons d’abord quelques données qui permettent de déconstruire le
discours dominant. L’ensemble du budget censé couvrir la charge de la
perte d’autonomie lié au vieillissement est évalué à 22 Mds€/an, soit
environ 1,1% de la richesse annuelle créée en France. Dans ce total, on
fait tenir l’ensemble des coûts y compris ceux liés au quotidien des
personnes indépendamment de leur état de santé (restauration,
hébergement…). Surtout, les prévisions annoncent que d’ici à 2025-2030,
la dépense devait passer à 30 Mds€ (Rapport du CAS, 2006). Une
augmentation incontestablement importante mais qui, au regard de
l’évolution économique attendue, paraît gérable d’autant que ces 30 Mds€
devraient représenter encore et toujours… 1,1% de la richesse puisque
entre temps cette dernière continuera d’augmenter (je ne discute pas ici
du contenu de cette croissance !). Tout cela semble parfaitement
gérable.

En fait, il y a une sorte de confusion – entretenue- entre la hausse
du nombre des plus de 80 ans, qui passeront de 3 à 7 millions de
personnes d’ici à 2040, et l’augmentation des personnes dites
« dépendantes ». On voudrait faire croire que vieillir c’est tomber dans
la dépendance. Or, seulement 20% des plus de 85 ans sont réellement en
situation de forte perte d’autonomie. D’ailleurs, le rapport
Vassel/Mariani prévoit de passer de 700 000 personnes âgées dépendantes
(touchant l’APA) en 2002 à 1. 230 000 en 2012 et 1.600 000 en 2040…. On
est loin d’une explosion non-maîtrisable !