Les résultats de l’étude « Développement adulte » conduite en 2008, par A. Soubelet


Il s’agissait d’une étude sur le développement et le vieillissement cognitif, et qui cherchait à mettre en évidence les facteurs de vie (ex : les activités de loisir) ou individuels associés à un vieillissement intellectuel de meilleure qualité. Les données ont permis de mettre en évidence quatre résultats majeurs.



1. L’investissement d’activités intellectuelles est associé à une plus grande efficacité des fonctions cognitives (c’est-à-dire à une plus grande vivacité/rapidité, une meilleure mémoire, de meilleures capacités de raisonnement, une plus grande facilité à penser l’espace).



Mon premier travail a testé l’hypothèse selon laquelle l’investissement d’activités stimulantes sur le plan cognitif (puzzles, lecture, mots croisés, etc.) peut ralentir le déclin observé au fil de l’âge de certaines habiletés cognitives (mémoire, rapidité, raisonnement, habiletés spatiales et connaissances générales.)

Les résultats réfutent l’idée que cette sollicitation mentale préserve du vieillissement cognitif, ou ralentit les effets de l’âge. Toutefois, ils mettent en évidence que les individus les plus actifs sur le plan intellectuel sont aussi ceux qui montrent une meilleure mémoire, une plus grande rapidité, des habiletés de raisonnement plus efficaces. Et ce résultat s’est avéré vrai à chaque âge, de 18 à 96 ans (âges représentés par l’échantillon).

Soubelet, A. (2009). Le vieillissement cognitif et l’hypothèse de l’exercice mental révisée. Psychologie Française, 54, 363-378.


2. Les personnalités les plus curieuses manifestent de meilleures habiletés intellectuelles, à tout âge.


Les personnes qui ont un trait de personnalité prononcé d’« ouverture à l’expérience » sont définies comme des personnes imaginatives, créatives, curieuses de tout, sans cesse à la recherche de nouvelles expériences. Ce second travail a mis en évidence que ce trait de personnalité « ouverture à l’expérience » est associé à de plus hauts niveaux d’habiletés cognitives (mémoire, raisonnement, habiletés spatiales, rapidité, connaissances) à chaque âge (de 18 et 96 ans).


Un collègue américain et moi-même avons ensuite testé, sur des données américaines, l’hypothèse selon laquelle cette association serait expliquée par le fait que les individus les plus curieux et ouverts maintiennent un train de vie plus actif, en l’occurrence sur le plan intellectuel (Soubelet & Salthouse, 2010). Les résultats réfutent l’idée que l’association entre ce trait de personnalité et la cognition puisse être expliquée par un engagement plus important dans des activités intellectuellement plus stimulantes chez les personnes les plus « ouvertes ». Le mécanisme à l’oeuvre reste à identifier.


Soubelet, A. & Salthouse, T. A. (2010). The role of activity engagement in the relations between Openness/Intellect and cognition. Personality and Individual Differences, 49, 896-901.


Soubelet, A. (2010). Une redéfinition des relations entre la personnalité « Ouverte à l’expérience » et


l’intelligence. Psychologie Française, 55, 223-230.


3. Une personnalité consciencieuse pour aider à compenser les effets de l’âge sur le plan intellectuel.


Un constat dans les études sur le vieillissement/développement en général chez l’adulte est celui de certains changements dans les traits de personnalité au fil de l’âge. On deviendrait plus consciencieux, plus compatissant et coopératif, moins soupçonneux envers les autres et on régulerait mieux ses émotions (on se laisse moins facilement envahir par les émotions négatives).


Dans le cadre d’une troisième série d’analyses, je me suis intéressée au rôle de ces changements de personnalité dans l’évolution des habilités cognitives ou intellectuelles. Les données, complètement novatrices et donc exploratoires, suggèrent que le développement du trait de personnalité « consciencieux » pourrait bien servir à compenser les effets de l’âge sur les habiletés cognitives. Un certain nombre de difficultés quotidiennes pourraient ne pas se manifester parce que les personnes développent certaines stratégies de compensation (ex : je sais que j’oublie donc j’écris la liste des tâches qu’il me faut accomplir).


Soubelet, A. (in press). Age-cognition relations and the personality trait of Conscientiousness. Journal of Research in Personality.


4. Un style de vie actif sur le plan intellectuel compense les effets du niveau d’études sur la
cognition (mémoire, rapidité, raisonnement, habiletés spatiales, connaissances).


Un quatrième travail a traité d’une donnée maintenant bien admise car répliquée maintes fois dans la littérature scientifique, donnée selon laquelle les individus les plus scolarisés manifestent de meilleurs niveaux intellectuels, quel que soit leur âge. Les résultats issus de l’étude à laquelle vous avez participé ont pu mettre en avant que cet avantage des individus à haut niveaux de scolarisation n’est plus observé si les individus peu scolarisés investissent des activités cognitivement ou intellectuellement stimulantes tout au long de leur vie (ex : théâtre, mots croisés, sudoku, cinéma).


Soubelet, A. (2011). Engaging in cultural activities compensates for education differences in cognitive abilities. Aging, Neuropsychology and Cognition, 18(5), 516-526.


Je me tiens à votre disposition pour toute question éventuelle, et vous garderai informé(e)s des prochains résultats.


En espérant le meilleur pour chacun d’entre vous.


Andrea Soubelet


Enseignant-chercheur à l’Université de Nice-Sophia Antipolis


andrea.soubelet@unice.fr;


Tel : 0489143679