APPEL A TOUS LES MEDIAS

ADMR 29. Au bord du gouffre depuis deux ans et demi

L’aide à domicile en milieu rural (ADMR) du Finistère est en crise
depuis près de deux ans et demi. Avec 3.500 salariés et près de 30.000
familles aidées, il s’agit du plus important réseau d’aide à la personne
en France. En Finistère, il capte 62 % de l’enveloppe Allocation
personnalisée d’autonomie (APA) du Conseil général. En avril 2009,
l’ADMR 29, pionnière de l’aide à domicile, célébrait ses 60 ans, avec
faste, au Parc des expositions de Penfeld, à Brest. Coût de la fête
300.000 euros. Sept mois plus tard, le 2 novembre 2009, la presse était
informée, par un fax d’un syndicat majoritaire dans une association
concurrente, d’un déficit de 5,5 M d’euros pour l’exercice 2008 de la
Fédération ADMR. Un trou de 4,5 M d’euros, pour 2009, était aussi
estimé. Un matelas de 10 M d’euros lui évite le pire.

Placée sous procédure de sauvegarde, en décembre 2009, par le Tribunal
de grande instance de Brest, la fédération en sort un an plus tard,
après l’échec constaté de cette méthode douce. Présidents et directeurs
se succèdent aux manettes de l’association fédérale qui chapeaute
techniquement et administrativement 91 associations locales. En juillet
2011, la fédération, en cessation de paiement depuis des mois, se
déclare enfin comme telle. Le 29 juillet, le TGI de Brest déclare sa mise
en redressement judiciaire. Une procédure renouvelée pour six mois le 3
janvier 2012. Le parquet, favorable à cette prolongation, exprime
néanmoins « Des réserves liées au climat social dégradé et à
l’intervention de l’inspection du travail ».

En 2010 et 2011, la fédération ADMR du Finistère a accumulé 11.000 jours
d’arrêts maladie pour 115 salariés environ. Après l’annulation, en mai
2011, par la Cour d’appel de Rennes d’un premier plan de sauvegarde de
l’emploi (86 licenciements mais 34 reclassements), jugé insuffisant et
nul donc, l’administrateur judiciaire en présente un second. Il est en
cours. Il annonce le licenciement de 78 des 115 salariés de la
fédération mais ne prévoit que 70.000 euros pour les accompagner (900
euros environ par personne). Le 18 janvier, ils se mettent en grève,
bloquant les services de facturation et de paye du réseau tout entier.
Elle durera neuf jours. Entre autres, les salariés réclament un échange
avec leur présidente. Elle le leur refuse. Un défaut de communication
constant que le Comité d’Hygiène de Sécurité et des conditions de
travail pointe et assimile à de la maltraitance. Le 26 février, le
conseil d’administration, réunit en urgence, vote la fin du plan de
redressement par continuation. Une décision qui met un terme aussi au
plan de sauvegarde de l’emploi. Cinq jours plus tard, ce même CA
annulera cette mesure, aussi vite qu’il l’avait votée. Sous la pression,
les salariés – se substituant à l’employeur -, lui soumettent un
protocole de fin de conflit et reprennent le travail. Le premier
février, cependant, l’administrateur demande la mise en liquidation de
la structure. Une décision motivée par une impasse financière constatée
de 600.000 euros. Les dettes de la Fédération ADMR du Finistère
s’élèvent, selon sa présidente, à 6 M d’euros. Dans sa chute, elle
entraînerait une trentaine d’associations locales. Combien exactement ?
« Nous ne savons pas. Ca évolue », a indiqué Francine L’Hour, qui mise,
elle sur la solidarité des associations voisines pour parer à la
catastrophe. Pour les salariés de la fédération, comme dans les
associations locales et chez les personnes aidées, le désarroi a fait
place à un sentiment de peur. "On ne sait rien". Les pouvoirs publics,
politiques, décideurs économiques, eux aussi, sont muets. Depuis bientôt
deux ans et demi…

LMA

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