Quel bilan pour la loi sur l’euthanasie ?

source : http://www.lalibre.be

Entretien : Jean-Paul Duchâteau

Certaines institutions, du côté francophone, interdisent ou déconseillent très fort au médecin de pratiquer l’euthanasie.

Jacqueline HERREMANS

Présidente de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité

Vous avez promu la loi légalisant l’euthanasie, que pensez-vous aujourd’hui de son application ?

Mon regard est positif. Ce qu’on a pu constater, c’est une appropriation de ce droit de demander l’euthanasie par diverses personnes mais aussi des modifications dans le rapport médecins-patients, avec un dialogue qui est très important. Des médecins qui au départ n’étaient pas très en faveur de la loi ont totalement changé leur comportement au cours du temps. Aujourd’hui les malades sont prêts à se battre plus longtemps parce qu’ils ont une perspective concrète de pouvoir prendre cette porte de sortie si un jour il n’est plus possible de vivre. Quand je vois la sérénité des patients, c’est magnifique parce que cela permet de faire des adieux, d’entamer avec la famille un travail de deuil avant le départ. C’est exceptionnel de voir qu’une législation autorise cela.

On constate une moindre application de la loi en Wallonie qu’en Flandre. Pourquoi ?

Au départ, la littérature néerlandaise était à la disposition des médecins flamands, ce qui n’était pas le cas pour les médecins francophones. On s’est aussi rendu compte que les Flamands ont pris cette loi à bras-le-corps. Ceux qui étaient en faveur de cette loi attendaient de pouvoir bénéficier de la protection qu’accorde cette loi. Il y avait aussi, du côté flamand, des pionniers pour les soins palliatifs qui étaient en faveur de la possibilité d’euthanasie. Du côté francophone, on a constaté une plus grande tendance à rester dans les pratiques anciennes, par exemple, continuer à traiter le cancer en donnant plus de doses de morphine.

Certaines institutions, du côté francophone, interdisent ou déconseillent très fort au médecin de pratiquer l’euthanasie.

C’est parfois connu de manière publique, mais parfois c’est plus subtil ou plus insidieux. On demandera l’avis d’un comité d’éthique, on imposera que le patient soit passé par les soins palliatifs, on proposera plutôt la sédation terminale… Il m’a été dit que dans certains contrats passés entre un médecin et une institution, on excluait les possibilités d’euthanasie.

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