EXCLUSIF !!

2_michele-delaunay.jpgInterview par lamaisondelautonomie.com de Michèle DELAUNAY, Ministre aux Personnes Agées et à l’Autonomie



1.
Dans le cadre d’une restriction de la dépense publique, comment envisagez-vous
l’évolution de l’APA ?




Je ne nierais pas, en effet, que le
contexte économique est difficile. Mais ce n’est évidemment pas une raison pour
baisser les bras, bien au contraire ! La contribution financière des
familles pour l’hébergement d’un âgé en établissement reste beaucoup trop
lourde. Or, elle ne doit pas être un obstacle à l’entrée en établissement. Nous
devons favoriser l’accessibilité des établissements à ceux qui en ont besoin.
Par ailleurs, les âgés doivent pouvoir rester à leur domicile aussi longtemps
qu’ils le souhaitent. A cet égard, je ferai de la prévention une priorité.




Plus précisément, sur l’allocation
personnalisée d’autonomie (APA) : je rappellerais d’abord que celle-ci
était menacée par le gouvernement précédent, et que notre objectif est au
contraire de la conforter. C’est un point essentiel. Nous ne vendrons pas la
prise en charge de l’autonomie aux assureurs. Cette prise en charge restera
universelle et solidaire. Elle devra pouvoir répondre aux besoins d’aide les
plus importants, et aux situations les plus difficiles. J’en fais une priorité.


2. Aujourd’hui, deux réglementations administrent l’aide à domicile : l’autorisation et l’agrément. Souhaitez-vous une simplification ?

Je rencontre actuellement tous les acteurs de l’aide à domicile. Et ce sujet fait partie des thèmes que j’aborde avec mes interlocuteurs. C’est un chantier d’envergure, et la problématique est bien connue. Elle est d’autant plus complexe que certains de ces acteurs de l’aide à domicile sont soumis à la fois à l’autorisation et à l’agrément, selon leurs activités.

Après ce travail d’échanges et de diagnostic, il nous faudra faire des choix, réfléchir à la façon de les faire, et les mettre en œuvre avec les autres ministères concernés et les collectivités locales. Je souhaite donc mener ce travail d’expertise et de réflexion à son terme.

3. Le Fonds de restructuration du secteur de l’aide à domicile a été mis en œuvre. Il répond à des situations d’urgence, mais non aux problèmes structurels du secteur. Quel est votre diagnostic sur ces problèmes ?

Le fonds de restructuration aide les opérateurs ayant des difficultés financières, en contrepartie d’engagements de leur part à se réformer, afin de revenir à l’équilibre. Vous avez raison, c’est utile, mais non suffisant : cela ne règle en rien les problèmes structurels de l’aide à domicile.

Nous devons bien-sûr nous attaquer à ces problèmes, mais en partenariat avec le secteur et les départements. Chacun devra assumer ses responsabilités. Nous ne partons pas de rien. Des expérimentations sont en cours pour trouver le bon modèle médico-social du secteur de l’aide à domicile. L’Assemblée des Départements de France (ADF) et le « collectif des 16 », qui regroupe des associations gestionnaires de services à domicile, portent un modèle d’expérimentation. Il s’agit d’étudier l’abandon de la tarification horaire au profit d’un système de dotation globale. Une autre expérimentation, reposant sur une proposition alternative du rapport Poletti, consiste à étudier quel pourrait être un« mix » entre une tarification horaire et une dotation globale.

Notre diagnostic sera à la fois éclairé par la conduite de ces expérimentations et par une réflexion à mener avec les acteurs du secteur sur le contenu et la diversification des prestations. Les prestations d’accompagnement d’aide à la personne ne peuvent pas se réduire à de l’aide ménagère. Elles doivent proposer une offre plus complète. J’ajoute que cette question est étroitement liée à celle du soutien à l’autonomie et à la solvabilisation des personnes concernées.

4. Les entreprises de droit privé commercial auront-elles toujours leur place dans le secteur de l’aide à domicile et le médico-social ?

Je suis particulièrement attachée à un principe : tous les Français doivent pouvoir bénéficier d’une offre médico-sociale financièrement accessible, et cela quel que soit le lieu de son domicile. Il s’agit pour moi d’un principe fondamental, essentiel. Et la ministre des Affaires sociales et de la santé Marisol Touraine s’est déjà fortement engagée, pour le secteur sanitaire, sur cette exigence d’un égal et juste accès aux soins pour tous. Reste ensuite à voir comment s’organise et se structure une offre médico-sociale financière accessible pour tous. Nous y travaillons.