Lettre ouverte au Président Sarkozy par Jean-Louis FONTAINE, Président du CDH- Collectif des démocrates handicapés
Monsieur le Président de la République,
La situation sociale n’a jamais été aussi tendue. Sommes-nous arrivés à un point de non-retour entre un gouvernement qui s’obstine et une opinion publique qui ne comprend plus cet entêtement ?
La misère ne cesse de s’aggraver dans le pays. De la précarité financière, cela évolue vers une réelle précarité sanitaire comme le pays n’a pas connu depuis des décennies. Des personnes handicapées et des personnes âgées en arrivent à renoncer à certains soins faute de moyen pour les payer.
Le forfait journalier en cas d’hospitalisation est devenu pour elles « un luxe », quant à l’acquisition d’une mutuelle santé complémentaire cela se fait au détriment, souvent, de dépenses alimentaires, ce qui les rend encore plus fragiles
Monsieur le Président de la République, vous avez été élu en 2007 en affirmant que vous ne toucheriez pas à l’âge autorisant à prendre sa retraite, soit 60 ans. À mi-mandat vous le faites, au travers de la réforme des retraites. Vous n’avez pas mandat de la Nation pour cela, votre gouvernement et votre majorité non plus. Pourquoi vous obstiner à passer « en force » une réforme dont les Français ne veulent pas et pour laquelle ils ne vous ont pas élu ?
Monsieur le Président, vous avez pris l’engagement en 2007 de créer un « 5e risque » pour la perte d’autonomie. Dans la logique des choses, cela signifie que celui-ci s’ajouterait aux quatre autres risques (maladie, accident, vieillesse, famille). Vous aviez précisé que « nous devons créer, dans notre organisation administrative et sociale, un organisme dont le but sera de préparer notre pays au défi de la dépendance, et de veiller à ce que, sur tout le territoire, de manière égale, il existe les structures suffisantes pour prendre en charge les personnes en perte d’autonomie ». C’était durant votre campagne électorale. Vous avez été élu. Mais pas pour qu’il soit rendu obligatoire de contracter une assurance privée pour se garantir contre la perte d’autonomie. Votre majorité parlementaire, élue sur votre programme, n’a pas mandat pour voter cela, et c’est pourtant ce qu’elle s’apprête à faire. Comment pouvez-vous ainsi trahir vos propres électeurs, ceux qui espéraient que vous conduisiez une autre politique ? Comment pouvez-vous ignorer les Français qui attendent une politique courageuse de réforme ?
S’il n’est pas question pour moi de mettre en cause votre légitimité, issue du suffrage universel, permettez-moi de vous suggérer la seule solution qui me paraisse pouvoir redonner confiance à notre pays : la dissolution de l’Assemblée nationale. Qu’attendez-vous, monsieur le Président de la République, pour permettre aux citoyens de choisir la société dans laquelle ils veulent vieillir ? Il y a dans l’entêtement dont vous faites preuve, en bravant l’opinion et en la méprisant, comme un relent de résignation. Comme si toute grande réforme était vouée à être impopulaire. Que ce soit les accords de Matignon de 1936, ou les lois sur la Laïcité de 1925, ces grandes réformes n’ont pu être menées à terme que grâce à un large soutien populaire.
Vous sortiriez le pays de la crise de confiance qui le ruine en redonnant la parole aux citoyens, en les consultants directement pour leur permettre de traduire dans les urnes le modèle de société qu’ils veulent choisir. De grâce, ne poursuivez pas dans une « logique » pour laquelle vous n’avez pas été mandaté. Les Français, surtout les plus vulnérables au nom desquels j’écris aujourd’hui, attendent autre chose. À commencer par la paix sociale et surtout être écoutés. La dissolution est le seul outil législatif vous permettant de leur dire : « j’ai entendu vos préoccupations, parlons-en… ».
La parole doit revenir aux urnes plutôt qu’à la rue
Croyez, monsieur le Président, en mes sentiments respectueux
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