Le
suicide assisté : L’ultime liberté individuelle ?
avec l’aimable autorisation de Malakine
Après cet intermède
géopolitique, il est temps de revenir aux « grands débats de l’été » Avec un
sujet que l’actualité toute récente nous propose.
Lorsque Bertrand
Delanoë a placé son offensive médiatique sous le signe du libéralisme
politique, je me suis demandé ce qu’il restait bien encore à libéraliser à
notre époque de l’individu-roi. On pense naturellement au mariage homosexuel ou
à l’homoparentalité (sujets dont je ne parlerais pas, car il me semble
s’agir de non-sujet par excellence, mais dont il n’est pas interdit de débattre).
Il reste pourtant une liberté individuelle à conquérir et qui continue de faire
débat : Le suicide assisté.
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Après l’affaire
Vincent Humbert et Chantale Sébirre, un jeune homme de 23 ans atteint d’une
maladie dégénérative grave a mis fin à ses jours,
après avoir écrit au président de la république pour que ce nouveau droit soit
reconnu aux personnes dans sa situation.
La question du
suicide ne doit pas être confondue avec celle de l’euthanasie, débat
épouvantablement compliqué et presque insoluble tant il s’agit d’une affaire de
« cas par cas ». En comparaison, la problématique du suicide assisté est
presque simple. Le sujet réclame ici le droit de mourir dignement par une
expression de volonté consciente et réfléchie. La question est simplement de
savoir si la société peut aider à l’accomplissement de ce souhait et si
celui-ci peut constituer un nouveau « droit de l’homme », celui de pouvoir «
mourir dans la dignité »
A cette question je
réponds assez aisément par l’affirmative. Non pas parce que je serais, comme se
plaisent à le croire certains, un être
déshumanisé désirant exterminer les vieux et laisser crever les malades, mais
pour une raison simple : Le suicide est une pratique légale.
Quelqu’un qui fait
une tentative de suicide et qui se rate, n’est pas mis en examen pour «
tentative d’homicide ». Si l’acte était pénalement répréhensible, sa complicité
le serait également. Comme le suicide est légal, autorisé et admis, sa
complicité n’est pas a priori illégitime.
Mais ce n’est pas
parce que la société peut, qu’elle doit. Il ne peut y avoir en la matière, ni
interdiction absolue (ce qui reviendrait à incriminer le suicide) ni droit
absolu pour l’individu (ce qui reviendrait à ôter toute valeur juridique à la
vie et donc à légaliser le meurtre)
Il n’est
naturellement pas question que la société se fasse le complice de n’importe
quelle demande de suicide assisté. Cela simplifierait pourtant le problème dans
la mesure où l’Etat n’aurait pas à se prononcer sur la question délicate de
savoir si telle vie vaut encore le coup d’être vécue et si telle autre mérite
effectivement d’être abrégée. Mais on ne va tout de même pas aider les gens à
se supprimer à cause d’un chagrin d’amour, d’un licenciement ou de problèmes
financiers !
Si la société
décide de prêter son concours à un suicide, elle doit adhérer à la démarche.
Cela impose donc à la république de s’aventurer sur un terrain « spirituel »,
qui n’est pas a priori le sien. Toute la difficulté est là.
Pourtant ce n’est
pas parce que la république est laïque qu’elle doit s’abstenir de répondre à
cette question d’ordre moral ou spirituel. Le refus de répondre est une réponse
à part entière. Il se manifeste par un refus absolu et inconditionnel,
c’est-à-dire une décision inspiré par un dogme très particulier, celui de la
sacralisation de la vie biologique. Ce qui, encore une fois, reviendrait à
interdire l’auto-suicide.
A la dimension
subjective de la demande doit donc s’ajouter une dimension objective. Il est
nécessaire de définir des cas où la demande va t-être a priori considérée comme
légitime ou au moins, compréhensible.
Il est pour cela
nécessaire de considérer que la vie biologique n’a pas de valeur en elle-même,
mais uniquement par ce qu’on en fait, par les expériences qu’elle nous permet
de vivre. Dès lors que la personne est jeune, bien portante ou que sa situation
a un espoir d’évolution positive, il n’y a aucune raison de se montrer complice
de sa mort.
En revanche,
lorsque le corps est devenu dans un état tel qu’il est devenu impossible
d’expérimenter autre chose que la souffrance physique et morale, il est permis
de considérer qu’effectivement la vie en devient absurde, sans aucun sens, et
donc sans réelle valeur. Si l’intéressé en décide ainsi, alors, oui, la société
pourrait lui prêter son concours pour en finir.
Les maladies
graves, incapacitantes et incurable, celles qui font souffrir et réduisent
progressivement l’homme à l’état d’un corps malade, viennent immédiatement à
l’esprit. Au risque d’être une nouvelle fois accusé de tentations «
gérontocides », je serais bien tenté d’y ajouter le cas du grand âge. Pourquoi
en effet forcer quelqu’un de plus de 80 ou 85 ans, qui estime avoir sa vie
derrière lui ne plus rien à en attendre, à expérimenter la sénilité jusqu’à son
dernier souffle ?
Le dispositif de
légalisation pourrait donc s’inspirer des principes suivants :
Le suicide assisté
serait autorisé par décision de justice lorsque deux critères seraient remplis
:
– Un critère
subjectif constitué par une manifestation expresse et lucide de volonté,
constatée par un auxiliaire de justice et réïtérée sur une période assez longue
(3 à 6 mois). Il est en effet important que la décision ne soit pas prise sous
le coup d’une émotion particulière.
– Un critère
objectif tenant à l’état de santé de la personne, lorsque l’individu tend à un
état végétatif sans aucun espoir de rémission.
Alors, pour ou
contre le suicide assisté ?
Malakine
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